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Paris, de moi à toi
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9 janvier 2013

Ère conditionnée : CHAPITRE 18

 

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CHAPITRE  18

Jean Sarkozy


Tu étais le déclic, le fils déclencheur et la raison. Dès que j'ai t'es vu à l’émission Face à nous, je n'ai pu m'empêcher de me poser une question : pourquoi suis-je traqué comme un vulgaire criminel, alors que toi, tu mènes une vie de prince à Neuilly ? Quel est le point de différence entre moi et toi ? Tu es le fils d'un roi et je suis le rejeton d'un pauvre Algérien. L’animateur de l’émission et les journalistes étaient tous ébahis et émerveillés par ta présence. Ils te posèrent des questions simples sur la politique et tes goûts littéraires. Face a ta fragilité et par respect à ta beauté, aucun des journalistes complaisants n’a osé te brusquer. Mais que diras-tu face à moi, l’ange déchu ?

Sache que tu es le seul que je m'autorise à tutoyer. Parce que tu es the Son of the sun et l'être reconnu. T'as plus de 20 ans ! Et à 20 ans débuta toute l'histoire de mon escapade, alors que le prince de Neuilly était élu dès le premier tour au poste de Conseiller général des Hauts-de-Seine. Moi, j’ai toujours perdu à cause de mes chères ambitions. Deux élus dans une seule famille, n'est ce pas trop de bonheur ? Avant de venir en France, j'ai tout imaginé, à part vivre une vie de paria à Paris. Une vie misérable et méprisable. Le plus difficile était d'affronter mes nouveaux échecs. Et dire que j'avais tout misé sur mon escapade nocturne ! J’étais venu en France pour m’élever au rang des bienheureux. À Carcassonne, j’ai réalisé qu’aujourd’hui, ce n'est pas mon malheur qui me fait souffrir mais plutôt le bonheur des autres, qui est devenu insupportable. Pourquoi toutes les portes sont fermées devant moi, alors que le monde est ouvert sous tes pieds. Sincèrement, je ne te reproche rien et je ne t'envie pas. T'as plus de chance que moi. Tu étais né sous la bonne étoile et j'étais né sous une étoile filante. La preuve : je cours toujours à travers les dédales de Paname. Paradoxalement, la police qui me court après, t'escorte.

Apatride et déraciné, je n'existe plus. À force de vivre sous un faux prénom, j'ai l'impression d'être un inconnu. Je vis un cauchemar et parfois j’ai l’impression d'avoir tout inventé. Bizarrement, je n'arrive pas à matérialiser ma situation de clandestin. Paria, j’ai perdu tous mes repères et la réalité ne correspond pas à ma vision faite sur la Vème République. Tes aînés blancs nous ont fait une description très exagérée sur Paris et la vie parisienne. Ils m’ont menti ! Paris ! La capitale de la mode est loin d'être la plus belle ville au monde. Certains prétendront que la réalité n’est pas toujours rose. Voir autant de pauvres, c'est du surréalisme. La France ne peut être le pays des droits de l'homme, puisque beaucoup de Français et d’étrangers vivent dans la précarité. De ma part, je refuse d'accepter cette réalité qui m'oblige à vivre dans l'ombre, tandis que d'autres vivent dans des palaces illuminés.

Non ! Je refuse de jouer les prolongations avec les Français, au moment où certains m'invitent sans aucun scrupule à traiter avec eux au nom du passé commun. Comme si ce passé était flatteur et glorieux ! Ont-ils oublié la torture et maltraitance de mes aînés ? Sache, Son of Sun que mes parents, grâce à tes ancêtres, ne savent ni lire ni écrire. J'ai renié mon père, parce qu'il était un alphabète. Je le culpabilisais, alors qu’il était une des victimes de la politique coloniale de la France. Ce que j'ignorais, cher Prince, c’est que je serais la nouvelle victime de la barbarie française. Si j'ai bien saisi le raisonnement de ton père, moi, je suis le clandestin, l'origine du mal et je dois à nouveau subir. Et toi, le fils du roi, tu voles d'une joie à une autre. Je n’étais pas fâché, lorsque tu ne m'avais pas invité à ton mariage. J’aurais été perçu comme une tache noire parmi tes prestigieux invités !

Non, petit Jean ! Je ne suis pas un nouveau Robin des Bois. Mais je me bats contre la langue de bois de ton cher papa. Je découvre que tu mènes la belle vie et que tu es parti en Israël avec ta jolie Barbie Darty. Excuse-moi ! Au lieu d'aller se lamenter devant un vieux mur, tu devrais rester en France. Le plus beau est à faire ici. Tu sais, t'as l'âge idéal pour défendre les couleurs de la République. D’ailleurs, le prince Harry est parti au sud du Maroc. Le petit protégé de la couronne royale croyait qu'il était en Afghanistan. Tous les jeunes soldats qui l'accompagnaient étaient en réalité ses gardes de corps. Comme toujours, les fils des riches n'ont pas le droit de mourir. Seuls, les enfants pauvres sont sacrifiés et je suis un bon exemple. Seul, je dois faire face à l'injustice des hommes. En réalité, il n’y a pas d'égalité et seuls, les misérables meurent gratuitement.

Prince de Neuilly, il est temps de parler à ton père. Dis-lui que je ne suis pas venu en France affamé. Je suis ni un matérialiste amoureux du luxe ni un collectionneur de voitures. Dis-lui que je suis ni un paria ni un pion ni un patron ni un larbin. Je ne porte aucune marque royale sur mon corps et le sang bleu ne coule pas dans mes veines. J’ai juste hérité d’un teint basané qui fait de moi un des héritiers de l’Orient. Dis-lui que je porte en moi les prémices d'une nouvelle génération qui est en train de naître dans l'utérus de notre continent meurtri. Que les mains qui abusent nous rendent notre Orient ! Même divisé, ruiné et dévasté, nous saurons lui rendre son éclat. Dis à ton père que rien ne sert de courir et que personne n'échappe à son destin. Ce qui est à nous est à nous, comme la France est à vous et rien ne sert de faire main basse sur notre terre brune. L’Orient nous reviendra comme un boomerang des jours heureux. Peut-être vide de son or noir et épuisé ! Même une terre en jachère, nous la voulons. Ton père est encore sous l'effet de la majestueuse ascension. Je le comprends, on se réveille pas tous les matins, en se disant : « Je suis le Président de la France.» Beaucoupde Français sont jaloux de cet immigré juif qui, mine de rien, est devenu le roi de la Vème République. Ton père n'est pas aussi différent des autres monarques qui aiment marquer l'histoire et signer leurs œuvres. Ton père croit que l'histoire lui appartient et qu'il peut contrôler le monde. Il doit vivement se réveiller de son ébriété, parce que cette histoire nous appartient à tous. Personne n'est maître de l'autre et nous sommes tous des égaux.

Cher Jean et cher prince, tu es mon joker ! Tu es ma dernière carte à jouer. Je suis désolé, si je dois te contaminer et t'initier à mon malheur. Ne te fie pas aux fausses rumeurs ! Je n’ai rien d'un gangster et d'un bandit. Mon seul crime était de vouloir réaliser mon rêve et ma seule erreur était de croire à la magie de ton pays. Étouffé, écrasé et oublié par mes aînés, j’ai choisi de partir. J'ai déserté mon pays sous-développé pour des raisons personnelles, politiques et économiques. Je ne supportais plus ma vie de casanier, ma soumission et mon silence imposé. Pour vivre en Algérie, je devais faire comme les autres Blédards et accepter de porter une muselière et des œillères. J’ai renoncé à tout pour sauver ma liberté d’expression et de penser. J’ignorais cher prince que chez toi, je serais obligé de me taire à nouveau. J'ignorais que chez toi, je serais le sujet d'une chasse à l'homme. Pourquoi dois-je me taire et fuir ? Moi qui avais toujours besoin de croire que le bien existe quelque part et qui souhaitait avant tout faire confiance à autrui... Aujourd'hui, je n’y crois plus et je me méfie de la nature humaine. Épuisé, je ne supporte plus la disgrâce de la clandestinité. Au début, j’éprouvais de la peine à accepter ma clandestinité et à me retrouver du jour au lendemain à la merci de tous, obligé de fuir les policiers. Après m’être habitué à la clandestinité, j’ai été confronté à l'indifférence et à la sévérité de mes soi-disant patrons. J'ignorais que des hommes pouvaient exploiter d'autres hommes de cette façon atroce. Et où ? Au pays des droits de l'homme ! J'ai oublié la sauvagerie de mes bourreaux en me heurtant à l’immoralité des immigrés. J’ai oublié le manque d’humanité des mutants en découvrant la menace de ton père. Si j'ai décidé en pleine débâcle de faire une volte-face et de revenir vers mon prédateur, c'est parce que j'ai trouvé plus pire que lui. Les royalistes ? Non, les clandestins eux-mêmes. Les sous-hommes venus d’Afrique. Ingénu et naïf, je croyais qu’avec eux j’avais trouvé des amis et une cause à défendre. Je n'imaginais pas que les clandestins pouvaient être aussi cruels. Le coup de surin que j'attendais des juifs venait en réalité des miens. J’étais trahi par mon meilleur ami et aujourd’hui, je suis trahi par les Algériens.

Animal grégaire déraciné et entouré d'étrangers, j’éprouvais ce besoin de vivre avec les Africains, les Arabes et les Algériens, mes frères de sang. Je m'étonnais lorsque ces sans-papiers me disaient qu'ils venaient d’Algérie. Jamais l’Algérie n’aurait mis au monde des perfides. Je me demandais de quelle Algérie il s'agissait ? De l'Algérie préhistorique peut-être. Ces Blédards hypocrites et égoïstes se cachent tous derrière le masque de la fausse fierté algérienne. Nous sommes Algériens et fiers, me disaient-ils ? Fiers de quoi ? De ce sourire sournois ? Comment peuvent-ils être fiers, alors qu’ils vivent sur le dos du Français ? Certains hommes me disent qu'il existe de bons Algériens. Je sais ! Sous la Terre sûrement. Ou au Bled. En France ? L’amour de l’euro les a transformés. Ils sont devenus trop avides. Enfin sur mon chemin, je n’ai pas croisé ces Algériens bons et justes.

J'étais très naïf en voulant défendre ces clandestins. Je croyais que j'avais une grande cause à défendre. Je me souviens du regret de cette femme militante à la Courneuve. Parfois, il est préférable de réfléchir avant de sacrifier sa vie pour les autres. Les hommes souffrent toujours de leur courte mémoire. Les clandestins n'ont pas hésité un instant à m'oublier et à oublier ma générosité, ma gentillesse et mes bienfaits. J’ai remarqué qu’ils ne m’attendaient jamais, alors que je les attendais chaque fois à la fin de nos travaux forcés pour aller tous ensemble. J’avais toujours une pensée pour eux, alors qu’ils ne se préoccupaient jamais de moi. Après mes trois ans de captivité et de calvaire, les clandestins ont compris le sens de l'individualisme, de l'indifférence et le sens de la devise : chacun pour soi. Alors, à mon tour de les effacer et de faire ma route tout seul. Je ne me retournerai même pas pour entendre leurs cris de détresse. Qu'ils crèvent ! J'irai voir ton père tout seul. Je ne lui parlerai que de ceux qui méritent d'être défendus : les nouveaux venus.

Le plus dur à supporter en France, ce n'est pas la clandestinité. C'est le mensonge. La plupart des Français et des immigrés mentent. Parfois, tu ne sais même pas l'intérêt de leur mensonge. Quand la vérité est si simple à dire ! À force de mentir, je ne pouvais plus faire la différence entre mon ami et mon ennemi. Aujourd'hui, je connais mes ennemis : ceux qui parlent mon argot et qui me critiquent derrière mon dos. Prince de Neuilly, j'écris pour ne pas oublier et pour défendre mes idées. Après trois ans de vie clandestinité, je n'ai plus la force de supporter la misère, l'indifférence et le petit doigt pointé vers moi. Je ne supporte plus la clandestinité. En Algérie, les seuls clandestins que je connaissais étaient les chauffeurs des taxis non déclarés. J'ai entendu parler de mes voisins en situation irrégulière en France. Mais j'ignorais totalement que la clandestinité signifiait vivre dans la marge de la société française. Nous avons tous une idée abstraite sur la situation des clandestins en France. C’est juste en devenant un sans-papier que j'ai commencé à découvrir la vraie réalité et l'enfer que vivent les parias : en surplus de survivre à la traque policière, à l’État de servage et à la mauvaise foi des clandestins, je devais affronter la menace de ton père. Comment vivre sereinement, en sachant que Monsieur Eric Besson a été désigné comme le nouveau ministre de l'immigration et que son seul désir est de m'expulser ? Malheureusement, ton père à l'art de me culpabiliser et de critiquer ma situation irrégulière. Pourtant, l'irrégularité, je ne l'ai pas inventée ! Les Français trouvent bizarre que je sois en France et trouvent normal que leurs soldats se trouvent en Afrique et en Afghanistan. Trouves-tu normal que la langue officielle du Cameroun soit le français ? Ou l’anglais ? Les Français vivent comme des rois au Maroc, en Tunisie et partout dans le monde. Ils s'autorisent tout et me culpabilisent de vouloir m'installer ici. Enfin ! D'une façon temporaire… !

Sais-tu, Prince de Neuilly, pourquoi le fléau de l'immigration clandestine ne se résoudra jamais ? Parce que les Français, aveuglés par leur semblant de suprématie mondiale, veulent perpétuellement régler le problème à leur façon. Même pour discuter et trouver des solutions au fléau de l’immigration clandestine, Monsieur Hortefeux s'est réuni avec nos riches dirigeants africains et arabes qui se moquent éperdument de la situation dégradante des Africains d'en bas. La preuve : depuis des années, des innocents meurent au fond de la mer Méditerranée et aucun dirigeant n'a réagi devant ce gâchis. Pourquoi cette indifférence ? La clandestinité m’a appris le besoin des hommes de contrôler d’autres hommes et de les humilier. La clandestinité m’a appris que, même sans une armée et à mains nues, un homme seul est capable de faire le pire des crimes. Pédophile ou faux gynécologue ? L’homme d’aujourd’hui nous surprendra plus. Imagine ce que ferait mon soi-disant patron s’il était le chef d’un État, si cet homme ordinaire avait le pouvoir absolu d’agir sans aucune impunité ? Le soi-disant patron, le mutant légal n’éprouve aucun remords. Il peut t’exploiter, te frapper, t’humilier et te voler sans aucune gêne. Qui sont en réalité nos dirigeants africains ? Des hommes ordinaires. Certains ont fait des études universitaires et d’autres ont suivi des formations militaires. Hélas ! La France coloniale a laissé un argument à nos hommes libres de garder encore le fusil sur l’épaule. Ils guettent ! Pour eux, le danger existe toujours et la France est toujours une menace. Ils sont tellement obsédés par l’idée de protéger le pays des intrus qu’il est difficile de parler avec eux de changement.

La prise de conscience de certains chefs d’État n’a pas atteint son apogée. Nos sultans n'ont pas évolué suffisamment pour respecter la vie humaine. Je me demande comment ils nous voient : comme des êtres humains ou comme du bétail ? Mes soi-disant patrons me voyaient comme un esclave. Les Africains ont-ils évolué ? Où refusent-ils d’évoluer ? Pouvons-nous changer un milliard d’Africains ? Pourtant, le Français a pu changer.

Il faut juste comparer la façon de s'habiller du Parisien et de l'immigré. Le Parisien n’accorde pas d'importance à ses habits, parce qu'il pense à son bien-être, alors que l'immigré et en particulier l’Africain s’habille avec des fringues de marque. L’Africain copie, expérimente et découvre ce que le Parisien a déjà délaissé. L'étranger pense à son ventre et à son paraître. Il ne sait pas faire la différence entre l'utile et l'agréable. Nos dirigeants africains et arabes découvrent récemment la griserie du pouvoir et de ses privilèges. Ils n'ont pas atteint un stade de pensée qui permet à chacun de se préoccuper de l'avenir des citoyens. Le fait que nos dirigeants ne quittent le trône que suite à un coup d’État prouve qu'ils n'ont pas évolué spirituellement et moralement. Selon toi, petit Jean, quelle est la différence entre un Parisien et un Africain ? Le Parisien est toujours en train de lire des livres. La lecture permet à l'être humain d'ouvrir ses horizons et de s'élever intellectuellement. Malgré ses défauts, Monsieur L se comporte d'une façon très civilisée. Il ne lit jamais, à part son journal : le Parisien. Il n’est pas très intelligent ni très cultivé. Mais il est conscient qu'il fait partie d’une société moderne. Il sait quand s'arrêter et respecte l’espace et la liberté de l’autre. La plupart des employés parisiens fonctionnent selon cet ordre. Ils ne te bousculent pas et te laissent le temps de faire ton travail, alors que les Africains et les Arabes sont toujours pressés et ont tendance à bousculer les gens. Pourquoi ? Peut-être ont-ils ras-le-bol d'être les derniers et que vous soyez les premiers. Peut-être que les citoyens africains prennent exemple sur leurs hauts dirigeants qui, à leur tour, ne savent pas quand il faut quitter le pouvoir afin de céder la place à de nouveaux candidats. Monsieur L arrive-t-il à transgresser les règles ? Oui. Comme tout homme, le Parisien est tenté par le diable. Le Parisien prend ce qui n’est pas à lui sans demander ta permission. Si tu le surprends, il te répond : « Ah ! C’est à vous ? » Bien sûr que c’est à moi, les choses ne tombent pas du ciel. Ce n’est ni de la maturité ni de l’intelligence qui distingue Monsieur L, ce simple citoyen français, des autres étrangers. La différence est visible juste dans sa façon de se tenir. Le Parisien se tient droit. J’aimais travailler avec Monsieur L parce que son travail était organisé et méthodique. Le Français est visible parce que tu peux voir et toucher le schéma de son mode de travail et son mode de vie. Le seul inconvénient aujourd’hui est que l’identité, la personnalité du Français et son civisme sont floués par le dysfonctionnement du système politique. Le Parisien est en avance par rapport à toutes les structures architecturales qui l’entourent. Le Parisien moderne vit dans un vieux décor du 18ème siècle. Il choisit de se donner la mort parce qu’il se sent trahi par ses supérieurs hiérarchiques. À qui la faute ? Qui a tué Paris ? Sûrement pas moi. La révolte actuelle des professeurs, des chercheurs scientifiques, des étudiants et des employés français contre la politique de ton père explique le rôle de l'opposition à réduire l'abus du pouvoir des hommes politiques. La fragile existence de la démocratie en France dépend de l'éveil intellectuel du peuple Français. Le Français qui ne fait pas confiance à ses dirigeants politiques n’a jamais baissé sa vigilance. Il est toujours en train de scruter son entourage, d’écouter et d’épier. Le fait qu’il est toujours informé n’empêche pas qu’il est manipulé et dompté. Contrairement à lui, le citoyen arabe est le dernier à savoir. Il est toujours mal informé et mal orienté. Naïvement, je croyais que la Révolution française avait réussi à implanter l’axe de la démocratie en France.

Ton père ne réussira à régler le fléau de la clandestinité, que grâce à mon aide. Parce que c'est moi, le clandestin dans l'histoire et non lui. C'est moi le perdant qui doit encore tout perdre et non Monsieur Eric Besson et les dirigeants africains. Nos hauts supérieurs se moquent que toute la jeunesse africaine fugue vers l’Europe. À part produire des enfants et des moustiques, les Africains n'inventent rien de nouveau. J'étais surpris par le grand nombre des Marocains, des Algériens, des Tunisiens, des Égyptiens et des Africains qui se trouvent en Île-de-France et Europe. Nos dirigeants préfèrent que nous mourrions au fond de la mer et de la clandestinité plutôt que de se retrouver face à nous comme des adversaires. Michel Rocard avait raison quand il disait : « que la France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part.». J'ai visité la plupart des arrondissements parisiens et j'étais surpris par la grande présence des récents immigrés. La plupart d'entre eux ne possèdent aucun niveau scolaire et n'obéissent à aucun code de conduite. Je me suis demandé comment ont-ils arrivé en France ? Des clandestins indiens, kurdes, afghans, arabes et africains vivent tous avec les anciens immigrés dans des zones enfermées. Malgré les expulsions, les étrangers parviennent à entrer à la cité interdite. Ajoutez à ce flux migratoire le rôle très important des femmes étrangères qui ne savent que donner vie à une grappe d'enfants, que les Français appelleront plus tard, les enfants ratés des cités. Logiquement l’Hexagone ne peut supporter cette affluence d'étrangers. Je partage partiellement la politique de ton père, Monsieur Sarkozy, de combattre l'immigration clandestine. Je ne suis pas contre les immigrés et je ne demande pas de fermer les frontières de l'Europe. Ma seule crainte est de voir un affrontement entre les Français et les étrangers. Un jour, les Français se lèveront contre l’invasion étrangère. Je n'ai jamais eu peur de Le Pen et de son parti le FN. Parce que le racisme existe partout, entre les étrangers eux-mêmes. Si le FN ruiné et évincé par le succès de l'UMP se retrouve en bas des sondages et éprouve de la peine à trouver un soutien du peuple français, demain le parti de l'extrême droite recouvrera ses forces devant la dégradation de la situation du niveau de vie des Français. Que font les leaders politiques qui exploitent la crise d'un peuple en leur faveur ? Marine Le Pen a très bien exprimé l'opinion de son père en critiquant la politique de Monsieur Sarkozy. Pourtant, elle exprime la même volonté du Président en séparant le bon grain de l'ivraie. Quand j'ai vu le bas niveau intellectuel des étrangers en Île-de-France, j'ai compris l'intérêt de la politique du tri et de l'immigration choisie. Monsieur L ne cachait pas son ras-le-bol de voir des étrangers à Paris. Selon lui, la France accueille la merde dont les autres pays ne veulent pas.

Après avoir compris le sens de la violence des immigrés envers les Parisiens et compris que le joli sourire des maigrichons cachait un vrai dégoût envers les intrus, la masse française attend le bon leader pour les unir et chasser les étrangers de son pays. Je suis certain que les Parisiens, que j'avais aidés, qui me souriaient et que me disaient bonjour n'hésiteront pas à participer au grand nettoyage ethnique et racial. La plupart des politiciens et des citoyens français flétrissent l'intrusion massive des étrangers et se mettent dans la peau des victimes. Aux yeux de Monsieur L et Monsieur Eric Besson, je suis le seul le coupable dans l'histoire. S'il m'accuse de travailler au noir, qu'il m'accuse aussi d'avoir versé le fioul dans la Loire.

Sans hésiter, j'ai expliqué à Monsieur L la part de responsabilité de la France à encourager le flux migratoire. Les Français m'attaquent en se défendant. Alors à mon tour de préparer ma défense et d'utiliser mon insolence en service de la Vème République. La France possède une longue histoire et parfois pas trop glorieuse. Afin d'effacer les tâches de sang de son passé noir, la France œuvre à se tailler une nouvelle réputation. C’est la même France qu'hier, mais avec de nouvelles devises. Pourquoi venons-nous en France spécialement ? Parce que c'est le pays des droits de l'homme, de la liberté. C'est la terre d'exil et du Welcome. Welcome ? C'est le récent film français réalisé par Philippe Lioret. Le film raconte l'histoire d'un jeune Kurde qui rêve de traverser la Manche à la nage pour retrouver sa fiancée. Le clandestin est aidé par un professeur de natation à Calais, interprété par l'acteur français Vincent Lindon. Ce film a créé une polémique et a ouvert des débats sur le regard de la loi française envers les aides des Français aux sans-papiers. Le film était aussi une excuse aux médias et aux journalistes du journal Métro de se poser la même question : faut-il supprimer le délit d'aide aux migrants ? Par oui ! Ont répondu les trois métronautes français interrogés. Et qu’ils n'hésiteront pas à aider les sans-papiers. Ce récent film qui mit à l'honneur la générosité française sera sûrement diffusé dans les salles de cinéma à l'étranger. Je me demande ce que penseront les milliers de Blédards qui rêvent de partir en voyant ce film. Ils seront certainement touchés par la générosité des Français. Les Blédards influencés et fascinés par la beauté de l'humanisme des Français n'hésiteront pas à quitter leur pays pour venir à Calais. Mais contrairement à la fiction, les Blédards trouveront une autre réalité et un autre accueil. Au lieu d'entendre : « Soyez les bienvenus en France ! » les milliers d'étrangers entendront des Français l'unique phrase : « Rentrez chez vous ! » Si Bilal a eu de la chance, beaucoup de clandestins n'ont pas été aidés. Les Français nous attirent vers la France avec leur semblant de générosité et d'amour. Ils nous séduisent en nous faisant croire que la France est le pays des droits de l'homme et de l’égalité, alors que je connais des clandestins qui sont en France depuis plus de quinze d’années. Et ils ne pourront jamais être régularisés. Parce qu’ils ne possèdent aucun papier qui prouve leur présence sur le territoire français. En France, il faut toujours se munir de preuves. Voilà pourquoi les Parisiens sont obligés d'offrir un bouquet de fleurs à leurs femmes. Les sentiments ne suffisent plus. En France, il faut toujours prouver sa bonne foi. J'étais choqué de découvrir que des hommes étaient coincés dans l’Hexagone depuis des années. Ni la Cimade, ni la CRA, ni l’LDH ni la Gisti ne pourront les aider. Ces pauvres sans-papiers se sont habitués à la clandestinité, comme les SDF à la vie des marginaux. Malheureusement, petit Jean, les Français aiment jouer ce double jeu. Ils sont à la fois les diables et les anges.

Ils nous disent Welcom and Goodbye. La plupart des métronautes français disaient qu'ils n'hésiteraient pas à aider les clandestins. Et pourtant, personne n'a voulu m'aider. Avant de venir en France, j'ai demandé un coup de pouce des Français que je connaissais. Ils ont refusé de m'aider et m'ont dissuadé de venir en France. Pire ! Dès mon arrivée à Paris, certains m'ont même demandé de ne plus les contacter. Je suis parti frapper à la porte de la Cimade et ils ont refusé de m'aider parce que j'étais un Algérien. Selon eux, l'Algérie est un pays riche. Et à côté les journalistes français dénoncent la mauvaise situation de la jeunesse algérienne confrontée au chômage, à la corruption et à la misère. Pourquoi petit Jean, dans ton pays les Français me reprochent-ils d’être un Algérien arabe et musulman ?

Monsieur L, Monsieur Sarkozy et beaucoup de Français nous culpabilisent sans mettre en cause la politique française. Afin de contrôler le mouvement migratoire vers la France, il faut que ton pays modifie sa politique intérieure et extérieure. Il faut que les Français arrêtent de prétendre que la France est le pays des droits de l'homme. Comment pouvez-vous aider les sans-papiers, si des Français en situation régulière se font licencier et que d'autres se suicident ? Il faut aussi que les associations d'aide humanitaire et les socialistes arrêtent de s'opposer aux projets de la droite contre l'immigration clandestine. Parce que les leaders des partis de la gauche avec leurs aides n'offrent pas des solutions durables. Pour se débarrasser des clandestins, il faut régler les problèmes du monde entier. Nous sommes ici, parce que les Français sont chez nous. Si les Arabes se pavanent sur l’avenue des Champs-Élysées, c'est parce que les Français se trouvent à Dubaï, au Maroc et en Tunisie. Ce n'est pas avec une soupe chaude, de la charité et des aides sociales que vous pouvez aider les étrangers et les pays pauvres. Je suis allé voir les associations et je refusais de devenir dépendant de la charité et des restos du cœur. J'ai l'impression que ces socialistes aiment jouer aux bons samaritains. Les leaders de la droite ne pourront pas non plus régler le problème de l'immigration clandestine avec des expulsions massives. Avec la sortie du film Welcome, les Français prétendent que le sujet de l'immigration clandestine est le sujet du jour. Il était aussi celui d'hier et d'avant hier. C'était le sujet des sketchs de Coluche et des inconnus, puisque le sort des immigrés n'a jamais cessé de nourrir les débats des émissions de la télévision française. Pourquoi les Français débattent-ils encore du vieux sujet des immigrés ? Parce que politiquement parlant, la France présente partout ne peut renoncer aux étrangers. Et parce que les partis de la droite refusent de s’unir avec ceux de la gauche afin de trouver une réelle solution au fléau. Chaque parti essaie de s'opposer aux projets de l’autre camp. S'ils s'opposent, comment peuvent-ils s'entendre à sauver la France ? Au lieu de répondre aux attentes des Français et de prendre conscience du mal qui ronge les sans-papiers, les hommes au pouvoir sont très préoccupés par les résultats des sondages et des élections européennes.

J'ai décidé d'agir seul sans compter sur les politiciens qui se servent du dossier des clandestins. Un parti est pour et son opposant est contre, alors qu’ils devraient tous trouver un accord afin de proposer des solutions aux citoyens français et étrangers, en situation régulière et irrégulière. Si le problème de l'immigration clandestine perdure jusqu'à notre époque, la faute en est aux dysfonctionnements du système français et européen. Les dirigeants européens n'ont jamais tenus les promesses de l’aide au développement envers les pays pauvres. Le titre La prospérité gage de paix d'un certain métronaute, Jacques, attira mon attention. Selon lui, « Il faut d'abord assurer la prospérité économique avant d'apporter la démocratie, et non l'inverse. Si nous sommes incapables de combattre la corruption et d'obtenir un meilleur partage des richesses, nous ne ferons qu'encourager la naissance de dictatures islamistes dans tout le grand Moyen-Orient, du Maghreb et au Pakistan. » Nous ne parlons pas la même langue, mais nous suggérons les mêmes solutions. Les clefs du bonheur mondial existent. Hélas, les puissants hommes n’ont pas la volonté de changer le monde. Les pauvres doivent rester en dessous du seuil de la pauvreté.

Dis-moi pourquoi, petit Jean, ton père n'écoute pas la voix du peuple ? Parce qu'il est préoccupé à écouter la voix de l'opposition. Pourquoi ton père insiste à continuer sa langue de bois ? Parce qu'il connaît l'opinion versatile des Français. Selon le journal Métro, 70 % des Français ont une bonne opinion de Jacques Chirac. Avant, ils le critiquaient et le traitaient de mauvais gérant. Les mêmes Français accusent leurs banquiers d'être responsables de l'actuelle crise économique. Pour une fois, ils n’accusent pas les Arabes ! Pourtant, ces Français ne se plaignaient pas lorsque les banquiers leur prêtaient de l'argent pour acheter une maison, une voiture et voyager. Mais aujourd'hui, ils trouvent facile de culpabiliser les autres. Si la situation de la France est dégradante actuellement et empire encore, c'est parce que les anciens n'ont pas réglé les problèmes fondamentaux. Ton père s'entête à continuer ses réformes, parce qu'il sait que les Français ont voté pour lui, puis regretté leur choix. Ils l'aimeront aussitôt lorsqu'ils verront le premier fruit de l'amélioration de leur niveau de vie. C'est dans la nature humaine de chercher son intérêt, surtout en politique. Monsieur L accuse à son tour l'ancienne politique De Gaulle par rapport à l'immigration. Mais ils étaient où, ces Français qui se plaignent aujourd'hui ? Quand tu leur donnes, tu es bien considéré et quand tu leur prends, tu es critiqué. Je ne défends pas ton père, mais dans toute cette histoire nous sommes tous complices. Moi, le clandestin, les Français, les immigrés, ton père le Président et les dirigeants africains.

J'espère, petit Jean, que ton père ne s'attache pas trop à son opiniâtreté. Parce que je sens un malaise énorme chez les Français. Et je ne sais pas jusqu'à quand ils accepteront de lier leur précarité à la récente crise mondiale. Les Français ne l'ont pas élu pour qu'il leur dice que sa mission est difficile et que ses erreurs sont des erreurs humaines. D’ailleurs, ton père a commis une erreur en triplant sa paie. J'ai testé un éboueur parisien en lui disant que Monsieur Sarkozy a triplé sa paie. Le frustré me répondit que c'était le Président ! Tiens ? Je croyais qu'au pays de l'égalité, il n’y avait pas de différence entre le roi et ses valets. Comme le frustré, Monsieur L se déchaînait facilement en critiquant les clandestins et se taisait lorsque je lui parlais des inégalités salariales qui existaient en France. Il est très facile aux Français de m'attaquer et très difficile pour eux d'admettre le dysfonctionnement de leur système politique. Il leur est très facile de critiquer le minus, alors que leurs patrons profitent de parachutes dorés et de bonus.

Petit Jean, les Français ne règleront jamais le problème de l'immigration clandestine, tant qu'ils le regarderont de leur point de vue. Les héritiers du Roi Soleil sont tellement fascinés par l'éclat de leur supériorité raciale qu'ils se croient au-dessus de tout soupçon. Ils se croient tellement parfaits, qu'ils sont convaincus que l'erreur vient de moi. Même Monsieur L ne se fatigue pas à me répéter qu'il est un Français et qu'il appartient à une race supérieure. Les vantards français aiment faire de la publicité et parler d'eux au premier degré, et ils se demandent pourquoi l’étranger vient vers eux ? Je viens vers vous, parce que j'étais attiré de loin par la lumière de votre soleil. Après le voyage périlleux et la traversée du désert, je découvre la réalité des lieux. Après avoir épuisé mes forces et mes économies, je découvre de près la supercherie. Il faut juste visiter Paris, pour se rendre que la capitale n'est belle que dans l'imaginaire des Français. Tout à Paris est restreint et empeste l'odeur d'un passé poussiéreux. Arrêtez de prétendre que Paris est la plus belle ville au monde et arrêtez d’ébruiter que le Français est un homme supérieur. Vos mensonges créent chez les étrangers un suicide mental. Les Blédards attirés par l'éclat de votre intelligence supérieure refusent de penser. Chaque fois que j'allais vers les associations parisiennes, je trouvais une meute d'Africains avant moi. Pourquoi envahissent-ils Paname ? Parce que les Français refusent de renoncer à leur mythe de la race supérieure et à leur faux humanisme. Les Africains refusent de penser, parce qu'ils sont convaincus que les Français dotés d'une intelligence supérieure trouveront des réponses à tous leurs problèmes. La plupart des clandestins en France ont tout perdu et ils ne peuvent pas revenir en arrière. Sais-tu pourquoi les Afghans du quai Valmy ont traversé l'Iran, la Turquie, la Grèce et l'Italie pour rejoindre l'Angleterre ? Parce que les Français leurs ont menti comme ils ont menti à Diana Mohamadi. Les Français en Afghanistan lui ont affirmé que les avions à Paris dispersent du parfum tous les matins pour que ça sente bon. Tu parles ! Le matin, Paris sent l’odeur du « croissant au Beur ». Et les avions à Paris polluent l’air en expédiant des expulsés menottés vers la case départ.

Monsieur Le Pen sait-il que des Algériens sont venus à Paris ? Et ils ont refusé de rester. Sait-il pourquoi ? Ces Algériens étaient très choqués par la situation dégradante de la capitale Française. Ces Blédards avisés et rusés ont créé des projets au Bled avant de se lancer dans un nouveau projet, alors que moi, j'ai cru naïvement à la supériorité blanche. J'ai sauté dans le vide sans parachute et je suis venu sans protéger mes arrières. Le plus dur pour moi était d'affronter chaque matin la réalité de Paris. J'étais écœuré de voir le mauvais état des quartiers et des arrondissements parisiens. J'évite d'évoquer l’État délabré des gares. En ce moi d'avril, j'attendais le RER à la station des Halles en lisant mon journal gratuit, lorsque j’ai revu cet agent de la SNCF en vert suivi d'un autre agent du service de propreté en bleu. À la vue de tous les touristes, le responsable de la SNCF, un talkie-walkie dans la main, demanda à l'autre petit fonctionnaire, un chiffon à la main, d'essuyer quelques coins. Cet homme blanc obéissait en suivant son supérieur aussi blanc que lui. Il se faisait ridiculiser à la vue de tous les touristes et les autres voyageurs. C'était une scène triste à voir. J’aimerais dire aux dirigeants de la SNCF et de la RATP que le problème des gares et des machines de fer n’est pas un problème de propreté. C’est un problème de vétusté. Il manque atrocement un air de rénovation. Arrêter de harceler vos petits fonctionnaires et faites votre travail. Rasez vos vielles gares et bâtissez-en de nouvelles. Brûlez vos vieux trains et construisez-en de nouveaux. J’aimerais savoir ce que vous faites avec l'argent qu’encaissent la SNCF et la RATP ? Vous faites de la maintenance. Mais jusqu’à quand allez-vous rester radins ? Ça fait trois ans que je suis obligé de voir les murs et les sols gris de vos stations. De plus, de l'éternel grisaille, je ne supporte plus ces quartiers pauvres de Paname.

La clandestinité ? Et moi. À force d'être traité de clandestin, j'étais obsédé par ce mot. Chaque truc, chaque événement et chaque trafic liés à la clandestinité m'intéressaient. Je me rappelle que lorsque j'étais un homme, je ne faisais pas attention à ce mot. Aujourd'hui, l'univers de la clandestinité est devenu presque mon univers. Clandestin, j'ai appris le démantèlement des laboratoires clandestinsen Allemagne, en République tchèque et en Slovaquie. Près de douze millions de clandestins ont défilé en Amérique. J’ai connu la naissance clandestine des bébés de Véronique Courjault, l’avortement clandestin. Julio, l'orphelin angolais, a été régularisé à titre exceptionnel et humanitaire. Que Herschel Grynszpan, jeune juif polonais était un réfugié clandestin en France. Le spot de compagne du néo-fasciste Glianni Alemanno était : « Nous devons redevenir maîtres chez nous ! » Monsieur Hortefeux, l’ancien ministre de l’immigration, désire développer l'aide au retour des sans-papiers et la politique du quota. Zola était un clandestin, n'est-ce pas ?

J’ai appris que j’étais devenu la bête noire des films, des feuilletons, des reportages et des débats français. Il paraît même qu’un écrivain français d’origine maghrébine a écrit un livre sur mon histoire. Même les mutants ont de la compassion. Ils devraient régler leur problème avec la France avant de jouer aux militants humanitaires. Soudain, les hommes sont devenus tous sensibles et humains, sauf moi. Comme à l’école. Dès que j’ai commencé mon métier de professeur, tout le monde est devenu intelligent. J’étais le petit fonctionnaire qui devait écouter et exécuter les ordres.

Malgré les incitations de ma famille à trouver une Française, afin de régler ma situation, j’étais très occupé à découvrir l'univers de la clandestinité. Et je ne regrette pas mes trois ans passés dans l'ombre. Durant ces années, les choses ont évolué. À la fin, mes amis n'étaient plus mes amis et j'ai sympathisé avec mes ennemis. Pour une fois, Monsieur Sarkozy ne me faisait plus peur. J'ai trouvé pire que lui et Dieu était le premier à me briser. Je crois qu'aucun homme ne fera mieux que Dieu. En détruisant la vie de la belle brune, l’Éternel m'avait brisé. Mes aînés m’apprenaient toujours à donner un sens à mes malheurs. Et j’ai toujours légitimé l’acharnement de Dieu contre moi. Aujourd'hui, je n'ai plus l'intelligence de comprendre sa cruauté. Il pouvait l'épargner et m'éviter le poids de la culpabilité. Mais non ! Dieu n'a pas résisté à m’écorcher de nouveau. Je sais que Dieu n'est pas mon ennemi et je sais qu'Il n'est pas mon ami et son ami. Pourtant, la belle brune n'a cessé de s'incliner pour lui et de m'inviter à reprendre mes prières. Comment pourrais-je accepter l'injustice divine ? Si j'ai accepté mes échecs, j'ai du mal à accepter ceux de la belle. Comment pourrais-je oublier ses soupirs et ses larmes ? J'ai oublié les affres de la clandestinité et la mesquinerie des clandestins en voyant la belle se débattre toute seule comme une big big girl dans son big big world.

En terme de souffrances et de tortures, Dieu a surpassé ton père. Chez les musulmans, il est interdit de se plaindre et surtout de culpabiliser le Haut Créateur. Nous sommes obligés de nous taire et de nous réfugier dans un silence macabre. Même la découverte d'une tumeur maligne sur le sein est perçue comme une pomme et une offrande céleste. Je croyais qu'après les supplices de Jacob, de mon père et de ma grand-mère, je ne verrais plus de souffrances. J'ai tellement vu d’hommes et de femmes souffrir que toutes les excuses ne me suffisent plus. Souffrir pour expier ses fautes ! Souffrir ici pour gagner là-bas !

De ce désastre, Dieu n’est pas le seul responsable. Nous sommes aussi responsables à créer nos propres échecs. Meurtri, j'écoutais la brune se traiter d'ânesse. Elle a raté toute sa vie alors que ses copines ont tout réussi. À 40 ans, la belle s'est retrouvée toute seule dans une grande ville. Certains bienheureux ne croient pas à la chance mais qu’ils ont réussi à bâtir leur empire grâce à leur travail. En observant mes soi-disant patrons, j'ai compris que leur réussite dépend de leur intelligence et de leur audace. Ces hommes ne se fatiguent pas à provoquer leur propre destin. C’est dans la nature humaine de refuser de reconnaître le coup de pouce céleste. J'étais surpris du nombre des chances que viennent à eux. La différence entre la belle et ces bienheureux, c'est que la belle était guidée par la religion et les traditions, alors qu’en France, la plupart des Français et des immigrés ne respectent pas les règles et trichent. Certains bienheureux possèdent une maturité précoce que d'autres ne possèdent pas. La belle a perdu sa vie parce qu'elle croyait en Dieu et compter sur Sa miséricorde, alors que Dieu ne peut nous aider à chaque fois, la vie doit être programmée. Rien n'est le fruit du hasard. Comme l'univers, chaque phénomène naturel répond à un ordre bien établi.

Avais-je failli parce que j’ai respecté les règles et les interdits ? Tout simplement, les joies de la réussite font le bonheur des tricheurs et des profanes. Parfois, je regrette ma sagesse, mon civisme et mon honnêteté. Je regrette d’avoir refusé ce que la morale et la religion m’interdisaient. J’aurais aimé être un renégat et pouvoir transgresser les lois. J’aurais aimé ressembler aux autres hypocrites qui ont tout réussi en ne respectant que leur propre intérêt. Rien ne les arrête ! Ils savent mentir et tricher.

Je me suis demandé durant dix ans qui était le responsable. Alors c’était vous ! Ce sont les Français qui ont inventé le remaniement, la politique du tri et le coefficient. Sais-tu, petit Jean, que j’ai quitté l’Algérie à cause de ce coefficient ? Parce que j’étais un professeur de dessin, j’étais considéré comme un arriéré. Chaque effort et chaque initiative de ma part étaient considérés comme inutiles et insignifiants. J’étais éclipsé par les professeurs de mathématiques. Les Algériens ont tué mes ambitions et mes motivations. J’ai très mal vécu mes années d’enseignements. Je ne comprenais pas l’intérêt du coefficient et pourquoi j’étais rétrogradé avant même de faire mes preuves. En sachant qu’en Algérie, je n’aurais pas de réponse de la part de mes supérieurs hiérarchiques. À cause de mon bas statut social et professionnel, je ne serais ni accueilli, ni écouté. Exclu, j’ai préféré fuir ce monde chaotique et trouver mes réponses ailleurs.

Enfin Paris ! J’étais très excité d’arriver à la ville lumière. J’imaginais Paris aussi belle que sur les cartes postales. Hélas, la réalité est toute différente de la fiction. Je n’arrive toujours pas à trouver la cause du retard qui paralyse Paris sur tous les fonds. Quelle est la vraie raison du vent de détérioration qui frappe Paris de plein fouet ? Suis-je le seul témoin du gâchis ? Les Parisiens n’ont-ils rien vu, alors que rien n’échappe à leur regard passe-partout ? Ne leur arrivent-ils pas de lever les yeux ? Non, ils sont surtout très occupé à lire. Ils préfèrent se réfugier dans la fiction. La réalité ne les satisfait pas. C’est la réponse de l’engouement des Français pour la Littérature et le Cinéma. Les Parisiens sont au courant. Ils courent, ils fuient. Ils cherchent ailleurs, alors qu’ils ont tout ici. Des produits leur viennent de l’inde, de l’Australie, du Mexique, du Chili et de l’Éthiopie.

Le projet Grand Paris est vital au changement et à l’intégration. Parce que l’État dégradant de Paris n’encourage personne à s’intégrer. S’intégrer à quoi ? Au décor parisien gris souris ? La plupart des étrangers courent derrière l’argent. Aucun mutant légal ne semble dérangé par l’absentéisme et le passéisme des Parisiens. Certains mutants légaux croient que putain est le mot clef d’une intégration réussie. D’autres portent des baskets All star et lisent le Parisien, pour paraître plus crédibles aux yeux des Parisiens. Que Isabelle Giordano m’excuse ! Paris n’est pas chic ! La capitale est victime de l’excès de nostalgie des Parisiens envers leur prestigieux passé. La rigueur se perd et la qualité s’étiole. En France, il n’existe plus d’avenir. Juste un passé qui revient au galop. L’étranger trop poli à Paris retrouve ses mauvaises habitudes dans sa banlieue. Chassez le naturel, il revient au galop. 

Paris peut paraître belle à celui qui la regarde du haut de son bureau. Où si tu la compares à la Terre inconnue des Dogons. Hélas, je ne viens pas du fin fond de l’Amazone. Je sais voir et apprécier la beauté des choses. Les Parisiens sont-ils des malvoyants ? Ils sont plutôt sensibles aux nuisances sonores comme les chauves-souris. Au lieu de gratter le ciel et de s’élever vers la lumière du soleil, ils préfèrent creuser le sol. Il n’y a pas de Tours jumelles à Paris, à cause de la fragilité du sol au-dessus des tunnels souterraines. Peut-être les Parisiens refusent-ils de créer pour ne pas inciter les étrangers à rester. Aux dernières nouvelles, ni la précarité, ni la crise ni l’extrême droite ne semblent inquiéter les étrangers. Ils font de plus de plus d’enfants, signe qu’ils refusent de partir. Ils prétendent ne plus avoir de choix, alors qu’ils refusent de faire le bon choix.

La dernière, toute dernière claque ! Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a inauguré récemment une place au nom du chanteur Léo Ferré. Encore une nouvelle plaque commémorative. Paris canaille est suffisamment défigurée et marquée par les souvenirs des morts. En voulant sauver ma peau, j’ignorais que je serais obligé de sauver Paname de ses détenteurs.

Le coefficient, le drapeau et l’hymne national ! C’était donc vos inventions, petit Jean. J’ai senti resurgir mes vieilles angoisses en lisant l’interview d’un professeur de EPS à Saint-Denis. Le professeur français livrait ses craintes face aux nouvelles suppressions des postes. Comme lui, j’enseignais une filière, dites non-rentable. Condamné à l’exclusion sans être jugé, j’étais ignoré par mes supérieurs hiérarchiques. Et j’ignorais surtout les raisons de ce rejet. Il n’y a pas pire que le sentiment de ce sentir rejeter par les autres. J’ai fui l’Algérie afin de fuir les railleries de tout un monde. Mais à aucun moment de ma vie professionnelle en Algérie, je ne soupçonnais les Français d’être les auteurs de toutes ces absurdités.

Que créent les Français aujourd’hui ? Rien. Ils commémorent. Sinon, ils créent des polémiques. Comme la polémique sur ta candidature à la tête de l'Epad. Les méchants médias ! Ils étaient jaloux du fils cadet. Je ne te cache pas que j’étais aussi opposé à l’idée de ta nomination et très heureux d’apprendre que tu avais renoncé à ta candidature. Pourquoi ? Parce que la Défense est l’unique image moderne de Paris. Tout autour est qu’un vaste désert.

Le projet Grand Paris me rassure. Je n’hallucine pas. Paris a besoin d’un lifting radical ! Je suis aussi rassuré que de nous deux, tu es le seul qui survivra. Si je ne survis pas au pays des droits de l’homme, je ne survivrai pas ailleurs. Et au diable l’Epad ! Je vais t’offrir mieux qu’une vue sur l’Arche de la Défense. Une vue sur l’avenir. Qui sauvera Paris de la mémoire des poilus ? Ne cherche pas à qui est la faute. Pas besoin de faire un nouveau procès à Jacques Chirac, l’ancien maire de Paris. Il est inutile aussi d’accuser Monsieur Bertrand Delanoë. Les Parisiens, les rescapés de la Shoah et les tagueurs sont aussi responsables du blues parisien. Monsieur L est au courant de ce qui est interdit et ce qui ne l’est pas. Les Parisiens sont aussi au courant. Ils sont toujours mieux informés. Ils savent que j’ai perdu mon talent et mon ambition. Je dessinais ! Enfin ! Je n’étais pas aussi doué que ton grand-père paternel. Je réalisais des aquarelles. La plupart étaient des œuvres ratés. Sauf le rouge ! Je réussissais à réaliser un rouge incarnat à partir d’un mélange de couleurs. Aujourd’hui, je ne me sers de mes mains que pour ramasser les billets que me jette mon soi-disant patron par terre. Il aime m’humilier ! Dans le métro, il m’arrive même de cacher mes mains brûlées par le froid, le feu et abîmées par le travail. En voyant la publicité sur le Baccide, j’ai compris que les Parisiens savaient pour mes mains sales.

Pauvres Parisiens ! Ils croient sauver le monde en jouant au Sudoku. Les maths ! Les maths ! Et encore les maths ! Le récent film de Yann Moix, Cinéman, est l’histoire d’un professeur de maths.

Alors comme ça, je suis l’abruti de l’histoire. Sache petit Jean qu’avec mon faible coefficient, j’amènerai les Français à confesser leur péché mignon. Qu’ils avouent ! Qu’ils disent qu’à cause de leur vision hiérarchisée du monde, j’étais marginalisé et martyrisé. Je suis désolé si je dois t’initier à mon malheur.

Notre corps a-t-il une mémoire ? Une question très intelligente abordée sur les pages du magazine Psychologies. Comment un problème dentaire peut avoir des répercussions sur le muscle cardiaque ? J.P Aubry, ostéopathe et auteur de l’Étonnante Mémoire du corps, a dit que la douleur se réveille parfois quarante ans plus tard. « Le corps se souvient de tout ! Chut ou incident, on n’a pas forcément mal sur le moment, mais le choc s’inscrit dans nos tissus ». Quarante ans plus tard, les Français prétendent ne pas me reconnaître. Ils disent que je suis un corps étranger à eux, alors que je ne suis que le frisson d’une vieille douleur.

Tu as sûrement déjà entendu parler de l’effet du Prince et de l’effet papillon. Il existe aussi un autre phénomène, l’effet Paris. Ignores-tu cher Prince que vous êtes observés ? C’est vos regards qui sont portés vers le monde extérieur. Le regard des autres est projeté vers vous. L’histoire se répète et s’exporte. Et les Maghrébins répètent tous vos faits et vos gestes. Imagines-tu l’impact de ton élection à l’Epad sur le Maghreb ? Chaque Président arabe prépare déjà son fils à lui succéder au pouvoir. Imagines-tu des répercussions du cumul des mandats en France sur la vie politique en Maghreb ? Arrivé au pouvoir par un coup État en 1987, Monsieur Zine Ben Ali entame son cinquième mandat. Il y a plus de Tunisiens en Italie et en France, qu’en Tunisie. Vous n’avez pas de leçons à recevoir, mais vous donnez de mauvaises idées aux autres. La France était toujours une mauvaise élève.

Tu as coupé tes longs cheveux dorés ! Tant mieux. Il faut que tu crées une rupture avec ton père. Monsieur le Président et sa clique sont trop nostalgiques de l’âge d’or de la France. Je ne te demande pas de perpétuer ce duel intergénérationnel. La question n’est pas de choisir entre de la tradition et la modernité. Nous sommes au seuil d’un siècle très important. Et tu devras prendre conscience des effets secondaires de notre mode de vie sur le climat. L’homme est devenu pollueur et produit plus de déchets qu’avant. L’effet Paris signifie de changer le cours de l’histoire ici, pour voir le changement ailleurs. Vous ne libérerez les Tibétains, que lorsque vous libérerez les mutants. Vous ne pouvez pas faire la morale aux Chinois, alors que vous expulsez des êtres humains. Ton père parle de rupture sans faire de rupture avec l’histoire. Il lui arrive même parfois d’oublier que la France est une République. Bizarre que ceux qui viennent de l’Angleterre et ceux qui partent vivrent en Allemagne, disent tous que la France de ton père est monstrueuse. C’est plutôt l’histoire de la France qui est monstrueuse. Louis XIV : l'homme & le roi est la toute dernière exposition au Château de Versailles.

Comment voulez-vous sauver le mode, alors que vous regardez toujours derrière vous ? N’est-il pas temps de laisser Louis XIV, le roi musicien mourir en paix ?N’est-il pas temps de regarder vers l’avant. Vers l’avenir ! S’il existe un avenir ? L’euphorie de l’exposition s’entendra jusqu’en février 2010. Donc, il te restera juste deux ans avant l’Apocalypse.

Je te tutoie, Prince Jean, parce que tu symbolises l’avenir de la France. Il faut arrêter d’évoquer les morts pour mieux se préoccuper des jeunes vivants. Sauve Paris et tu sauveras Oran ! J’ai quitté mon Orient parce qu’il n’y avait plus de place pour moi parmi les morts. Où sont-ils, les jeunes Français ? Ils ont peut-être le sentiment d’être boudés. Ils s’isolent pour s’évader. Chacun aujourd’hui porte un casque et écoute ses propres chansons sur son MP4. J’ai peur pour l’avenir de ces jeunes Français dans un pays épuisé par sa longue histoire. 

Les Français n’avouent qu’une moitié de la vérité. L’autre moitié pourrie de la pomme, je devais la découvrir tout seul. Sais-tu, petit Jean, pourquoi les Français considèrent le métier de pompier comme un métier d'avenir ? Ce n’est pas parce qu’ils aiment sauver des vies. Ils savent surtout qu’en plus des chauffages, tous les immeubles Parisiens sont défectueux. Ils savent que le Parisien est un pyromane. Il aime allumer le feu. Et au lieu de créer, il préfère restaurer. Les politiciens français critiquent l’irrégularité de ma clandestinité. Sans jamais dénoncer l’État dégradant de Paris. Je vais les emmener sur un champ miné qu’ils ne risqueront pas d’évoquer. Je mettrai la lumière sur la face cachée de Paris. Paris qui s’éveille ! Aujourd’hui, elle somnole. J’ai travaillé au noir dans plusieurs marchés parisiens. Et j’étais très choqué et écœuré par ces souks parisiens. La plupart des marchés parisiens ne sont pas à la hauteur d’une ville européenne du 21ème siècle. J’ai aussi travaillé à proximité de la Défense. À l'Epad ? Pas spécialement, cher Prince Jean. Plutôt dans un coin de Nanterre qui ressemblait plus à un étable qu’un marché. Il y avait encore ces horribles crieurs égyptiens, ces balayeurs noirs et ces Français frustrés. Depuis plus de trois ans rien n’a changé et le discourt politique est le même. Les jeunes banlieusards sont pris dans un engrenage que les Français ont inventé. Et qui semblent piégés à leur tour par leur propre invention. Le débat sur l’identité française surgit à nouveau. Juste pour déstabiliser les jeunes étrangers. Apparemment, les Français ne savent plus parler que des vieux sujets.

Le projet Grand Paris piétine à cause de l’hostilité de l’opposition. La question c’est voulez-vous ou pas ? Les Français veulent que je m’intègre, alors qu’ils m’offrent une raison valable de le faire. Qu’ils changent. Chaque année, un sondage montre que les Français sont les derniers en Europe en matière de langues étrangères. Cette année encore, une étude de l’Office des Statistiques de l’Union européenne montre que plus de 40% des adultes français ne parlent aucune langue étrangère. Les Français sont des cancres par rapport aux autres Européens. Sont-ils motivés pour changer ? Non.

Le projet Grand Paris est ton projet. Tu dois le réussir et tu le réussiras. Tu es talentueux et surtout très jeune. Je laisserai le soin à ton père d’énoncer les grandes lignes. Et je te donnerai les petites lignes. Si le regard est l’érection de l’œil. Il est temps de vous réveiller et de vous rincer les yeux. Tu dois en premier changer la couleur des tenues des éboueurs parisiens. Au lieu de ce vert étincelant, tu mets une couleur sobre. Tu feras avec les autres boulevards et rues de Paris, ce que je te demanderai de faire avec le boulevard du Général Leclerc au 14e arrondissement. Tu mettras une nouvelle plaque au nom d’un éboueur à la place de la plaque dédiée à Monsieur Leclerc. Excuse-moi, le général a fait son temps et il faut libérer ces petits hommes de leur frustration. Paris n’est rien sans Yves-Saint Laurent et ses balayeurs. Tu exigeras d’installer du marbre veiné sur tout le long du trottoir gris et morcelé. Sur les deux côtés bien sûr ! Tu demanderas à Nathanaël de Rincquesen de changer de métier. Avec son petit minois, il trouvera facilement du travail.Mon Dieu ! J’ai détesté ce journaliste, le jour ou il a annoncé la mort de Monsieur Michael Jackson. Nathanaël de Rincquesen à l’art de me déprimer depuis 7 heures du matin. Il n’a aucune conscience de l’impact de ses mauvaises nouvelles sur les téléspectateurs. Normal que les Français se suicident !

J’étais effondré après la mort de Monsieur Michael Jackson. Pas lui ! Pas ce génie. Pas le roi de la pop qui nous a fait tant rêver. Les Américains ont réussi parce qu’ils étaient sur une terre neuve. Il fallait bâtir et créer. Et le roi de la pop était un créateur hors pair. J’aimais la haute couture parce qu’il y avait de la créativité. Aujourd’hui, je veux écouter de la musique. Mais je ne sais pas qui écouter. Monsieur Michael Jackson a laissé derrière lui un vide énorme. Nous rêvions avec lui et il nous faisait vivre avec son mythe. Tu sais quelle est la différence entre Monsieur Michael Jackson et Louis XIV ? Monsieur Michael est un mythe vivant. Il nous a menti ! Et il nous a fait vivre avec ses mensonges. Hélas, les paparazzis l’ont détruit comme ils ont tué Lady Diana !

Pour ma part, je suis déjà mort. De nous trois, tu es le seul qui a la chance de survivre. Tu dois créer, inventer et changer l’ordre des choses. J’ai peur que les jeunes meurent d'ennui. Sache, Prince de Neuilly, que Paris est aussi dans l'irrégularité. La réussite du projet Grand Paris dépend du changement de la société et de la politique française. La privatisation est une solution. Quand ? Lorsque vous allégerez les taxes. Les Parisiens préfèrent restaurer parce qu’il y a trop de charges à payer. Le système français gèle l’ambition des Parisiens. Les lourds impôts empêchent les Franciliens de suivre l’évolution. Il n’y a pas de projet Grand Paris sans la participation des Parisiens. Les propriétaires des petits bistros, des restaurants, des boulangeries, des laveries, des petits et des grands magasins devront améliorer l’image du nouveau Paris. Frappé par le syndrome de Paris, j'ai du mal à accepter la réalité.

 

 

  Ecrit en 2009 

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Commentaires
H
Est-ce mal de vouloir aider une personne à changer le cours des choses ? Je ne fais pas de la politique par envie. Je m'expose au monde impitoyable de la politique parce que je vis l'intolérable et aucun homme ne pourra imaginer ce que je vis au quotidien. <br /> <br /> Personne n'est parfait et pourtant, tout le monde me juge et pointe le doigt vers moi. Ils me traitent de clandestin et s'avourent mes pleurs. <br /> <br /> Oui, il m'arrive de pleurer ! Et, il m'arrive de tenir tête à chaque individu qui ose me blesser d'un mot. <br /> <br /> Je ne suis pas un politicien et j'envie tout homme qui vit sa vie tout simplement. Je ne suis pas l'ennemi de l’État ou un anarchiste. Croyez-moi, je suis venu en France juste pour étudier l'art et non, pour faire de la révolution. Je veux juste être écouter et trouver une solution à ma situation en France. <br /> <br /> Hélas, ma condition de sans-papiers et les insultes de mes collègues de travail me poussent à m'adresser aux hauts-responsables français. Comme chaque citoyen au monde, j'ai peur des hommes haut-gradés de la politique. <br /> <br /> Ce n'est pas de l'audace d'écrire deux lettres au président de la république française et au Maire de Paris. Je suis perdu et dans la confusion, je cherche un moyen de sortir de l'ombre. <br /> <br /> Si j'ai peur et ma peur grandit à chaque pas vers l'avant. Comme disait l'autre, je ne suis pas un héros. <br /> <br /> Je suis un homme qui n'arrive plus à supporter de vivre dans l'ombre. C'est moi le clandestin et c'est moi qu'ils traitent d'inhumain. Je suis surtout impassible.<br /> <br /> Je m'excuse, si mes mots vous choquent. Sans une carte de résidence, je suis rien et je ne possède aucun droit. <br /> <br /> C'est une drôle de situation que je vis au pays des droits de l'homme.
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