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Paris, de moi à toi
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9 janvier 2013

Ère conditionnée : CHAPITRE 14

 CHAPITRE 14

Monsieur Sarkozy


Depuis trois années, je me prépare à vous affronter. Surtout à surmonter ma peur de votre sceptre. Vous, le roi, le souverain, le maître de ma vie et moi, le hors-la-loi. Face à vous, je ne suis rien. Je ne suis qu’une ombre, un spectre et un paria. Je suis un maigre corpuscule coincé dans votre aura de lumière. Autant je désire sortir à la surface et fuir les abysses de la clandestinité, autant vous désirez diminuer mes chances de survie. Vous avez fait de mon extermination votre raison d'être et de ma traque votre loisir. Sachez, Monsieur Sarkozy, que je n’ai jamais autant couru de ma vie qu'à Paris. Et c’est grâce à vos policiers qui devaient me chasser, comme si j’étais la bête noire. Notre rencontre est inévitable. Fatigué de fuir mon destin, je vais venir vous voir. Ne vous déplacez pas ! Le monde a rétréci et je n'ai même pas besoin de prendre un raccourci pour arriver à votre palais présidentiel. Aujourd’hui, tous les chemins mènent à l'Élysée.

Dois-je vous tutoyer afin de raccourcir le fossé qui nous sépare ? Où devrai-je respecter les protocoles ? Et vous vouvoyer. Et comment devrai-je vous appeler ? Mon futur Président ? Où devrai-je vous prendre par les sentiments ? Et vous dire tout simplement : cousin germain dans mes bras ! Paraît-il, nous appartenons au même arbre généalogique. Sûrement pas à la même branche ! Tandis que mon fruit pourri est tombé par terre, le vôtre, paré de vertus, a bien mûri et s'élève vers le ciel. Devrai-je vous féliciter pour votre réussite ? Où vous réprimander pour ce que vous me faites ? Je ne veux pas gâcher votre joie avec mon spleen. Tandis que vous avez trouvez un trône à votre taille, moi, je sculpte mon cercueil. Vous volez alors que je marche à côté du mur, la nuit tombée. Vous avez posé vos bagages à l'Élysée, alors que je porte encore mon baluchon. Vous habitez une île, alors que je tourne en rond dans un grand Asile.

Comment ferai-je mon entrée à votre palais présidentiel ? Dois-je venir en rompant comme une limace ? Où dois-je me relever ? Moi, depuis que vos policiers me traquent, je ne me sert de mes pieds que pour courir et fuir les rafles. Dois-je marcher à quatre pattes comme Bastet ? Où entrerai-je comme un pacha sur son baldaquin ? Je me plierai à vos exigences, Monsieur le Président. Je viendrai comme il vous conviendra. Vos désirs sont des ordres. Je peux venir à quatre pattes rampant comme une bête sur l'asphalte. Je n'ai pas peur du ridicule, depuis que j'ai été humilié et traîné dans la boue. Je préfère marcher sur mes genoux ! J'ai peur de vous faire de l'ombre, si je me mets debout face à vous. Dans le passé, des têtes étaient guillotinées juste pour un centimètre de plus.

Vous leurs avez donné l'ordre de traquer mon teint. Mais s'ils prouvent réduire mon corps et mon fourreau charnel brun, ils ne pourront jamais manipuler mon cerveau aiguisé. Ceux qui ont voulu toucher à mon intégrité ont vite changé de stratégie. Je suis un homme qui garde son sang-froid au pays du froid. Je suis devenu insensible aux insultes et à la soumission. Homme déraciné, je sais à quel peuple j'appartiens. Je ne suis ni un dossier à traiter ni un cas. Si vous avez eu l'honnêteté de reconnaître vos erreurs dans le passé, ayez l’indulgence de reconnaître les miennes. Je ne suis pas un médium et instinctivement, j'ai suivi mon chemin jalonné d'échecs et de chagrin. Je ne suis pas non plus un mathématicien, mais un artiste naïf qui a mal calculé son escapade. J'aurais aimé vous éviter et m'épargner l'effort d'aller contre le courant des fuyards. Debout, j'assiste à la grande débâcle des troupeaux des clandestins qui vous fuient. Ils vous fuient, Monsieur le Président ! Monsieur le Prédateur ! Et pourtant, je n'ai pas inventé l'erreur ! L'erreur est humaine et les clandestins déserteurs ne sont pas des bêtes. Pourquoi dois-je être le bouc émissaire ? Pourquoi moi, le paria, dois-je porter les péchés des rois ? J'ai hésité mille fois avant de vous écrire. Peur de vous provoquer et de ne m’exposer à votre lumière sans aucune assurance et au risque de me voir anéanti.

J'hésitais mille fois avant de me frotter à un prédateur de votre envergure. En pesant le pour et le contre, tout me dissuadait d'éviter d'écrire à un homme politique. Un Président qui bénéficiait d'un grand pouvoir et sans aucune pitié pourra me briser. Je suis qu'un amateur et non un gladiateur.

D’ailleurs, qui suis-je pour me permettre d'écrire au Président ? Moi qui ai perdu tous mes droits et mes illusions. Je ne suis ni un concurrent, ni un opposant et pourtant tout nous oppose. Vous êtes un Blanc, je suis un Brun et beaucoup détestent à mon teint. À Paris, j'ai découvert mes soi-disant ennemis, dont j'ignorais l'existence. Vous êtes un roi et je suis un renégat. Vous êtes un juif, je suis un musulman et beaucoup craignent ma foi. Votre sang est bleu et mon sang aussi rouge que les couronnes des coquelicots de ma terre berceau. Vous habitez un château, alors que je cours les rues parisiennes. Si je dois compter sur mes pieds pour fuir, ce n'est pas par lâcheté ! Mais ils sont beaucoup à vouloir à ma peau. De plus, protégé par votre toison immunisante, vous roulez dans une voiture blindée et toujours escorté par vos gardes du corps. Non ! Je ne vous envie pas. Si vous étiez né sous la bonne étoile, j'étais sûrement né dans un trou noir. À part le noir et la clandestinité, je n’ai pas eu le privilège de gagner des échelons.

Il faut distinguer la différence entre vous et moi. Ma survie dépend de vous et toute ma vie est entre vos mains. Et si je reste fidèle à l'histoire, vous êtes mon supérieur hiérarchique. Depuis que je suis en France, je sens de la réticence envers ma peau, ma religion et mes origines algériennes. Si vous ne me connaissez pas, moi, je vous connais très bien et je me suis documenté sur vos exploits. Par exemple, je sais que vous étiez l'ex-ministre de l’Intérieur à l’époque où je n’étais qu'un minable professeur d'art inférieur. Et aujourd'hui, vous êtes devenu un Président influent et je suis devenu un sous-pharaon. Vous avez du pouvoir et une garnison d'hommes qui vous obéissent à la lettre, alors que je dispute à une harde de clandestins opprimés les miettes du festin. Vous connaissez le milieu politique et vous jouissez d'une grande expérience. Et qui sont mes alliés ? Personne. Je ne connais ni mécène, ni homme influent et j'ai horreur de la politique. Si je crois les histoires d'antan et le bruit qui court, nous sommes de vieux ennemis. L'histoire des hommes, n'est-elle pas l'histoire du juif qui traque le musulman et vice versa ? Et voilà que l'histoire se répète et nous happe. Malheureusement, je suis le paria qui appréhende son interpellation à chaque coin de rue. Je vais dans l'ombre, dans la peau d'un hors-la-loi. Réduit à un animal nocturne, j'ai peur de sortir et de m'exposer à la lumière du jour. Les policiers sont à ma poursuite et je dois inlassablement fuir. Pourtant, avant d'immigrer, tous les scénarios étaient envisageables. Sauf celui de me voir traquer par des hommes et au pays des droits de l'homme. Je croyais qu'au 21ème siècle la France était un havre de paix. Je croyais qu’au pays de la liberté, je serais enfin libre. Durant trois années, je mène une vie atroce, invivable et insupportable. Vous aussi, Monsieur Sarkozy, avec cette crise ! Mais au moins, vous avez choisi d'être le Président, alors que je n'ai pas choisi d'être un clandestin. J'étais réduit à devenir un spectre, un épouvantail, un mendiant, un zombie et une ombre qui guettait les hommes en uniforme. Pour les Parisiens, j'exagère parce que la traque n'est pas journalière. Mais nous vivons psychologiquement avec la peur et le doute d'être expulsés. Les clandestins ne sont pas des devins. Ils savent que demain, ils peuvent tomber aux mains des leurs. Et dire que le peuple juif s'alarme d'une histoire qui l'a terrorisé ! Si hier vous étiez les victimes d'un tyran qui vous a massacrés, comment pouvez-vous aujourd'hui à votre tour, Monsieur le Président, traquer les autres ? Comment celui qui a souffert, peut-il faire souffrir ? Nous ne pouvons être à la fois la victime et le coupable. Peut-être est-ce possible, puisque je suis le coupable et la victime ?

Je suis coupable et je le reconnais ! J'ai gâché toute ma vie en rêvant de partir en France. Mes proches et mes amis tentaient de m’en dissuader, m’incitant à renoncer à mon projet, alors que depuis mes 20 ans, je ne rêvais que de ça ! Partir au pays de la mode et de l'art ! Comment pouvais-je désamorcer mon ambition et mon seul désir de vivre ? L'Europe représentait à mes yeux une chance de réussir.

«Je me suis investi âme et corps dans mon petit projet.» J'étais un enfant casanier, sans expérience et seul. Isolé, j'ai construit mes chimères et mes fictions avec le vœu de devenir un créateur de mode. Je me vois assis sur les genoux, dévorant la télévision avec des yeux étincelants, en fredonnant que ma vie, je la ferai dans ce pays puissant, très développé et très avancé par rapport à notre pays du Tiers-Monde.

J'ai tiré mes fictions des beaux magazines de mode made in France. Enfant de la cité, j'étais tout le temps enfermé dans le noir dans ma chambre. Otage d'un cube et d'un corps tiraillé par les angoisses, je tapais des deux mains ces murs qui m'emprisonnaient. En grandissant, j'ai gardé l'odeur de l'obscurité et de la solitude. Lorsqu’un membre de ma famille pénétrait dans ma chambre, je perdais mes repères. En allumant la lumière, il me poussait à plier mes regards et à me retirer dans l’espace restreint qu'ils m'accordaient.

J'étais venu au pays de la liberté et de l'égalité pour être enfin libre. J'ai un besoin inconditionnel d'autonomie et d'espace. Et voilà que je me heurte à vous, Monsieur le Président et à Monsieur Hortefeux, actuellement, remplacé par Monsieur Éric Besson, dit le transfuge. Enfant et même grand, j'étais victime d'une solitude imposée et surtout ignorée par des parents illettrés. Des parents auxquels je reprochais de ne m'avoir pas libéré de ma vie casanière. Aujourd'hui, je leur ai pardonné, parce qu'ils étaient eux-mêmes victimes du passé et des colons français qui les ont réduits à vivre dans une autre obscurité : celle de l'ignorance.

Oui, mon cas est désespéré ! Je suis convaincu que rien ne pourra réparer le mal et les dégâts causés. Je me demandais à chaque occasion, pourquoi j'écrivais ce livre ? Je l'écrivais contre l’oubli. En vieillissant, la mémoire faillit et je refusais d'oublier nos souffrances et nos misères. S’il existe dans les bibliothèques énormément de livres qui témoignent de l'injustice et de la tragédie humaine, je ne voulais pas que le mien devienne un recueil de jérémiades. Je voulais écrire pour offrir des solutions. Je n'ai pas coutume de me plaindre et je ne suis pas le seul à souffrir de l'injustice des hommes. Des peuples avant nous ont aussi subi le carnage et la désolation. Depuis mon arrivée en France, je savais que ma vie était une priorité. Même si aux yeux des Français, je n'étais qu'un cas : un autre Africain qui se plaignait et qui descendait tout droit de deux rescapés. Si mes parents étaient des illettrés, victimes d'un stratagème colonial parfait, je refuse aujourd'hui de revivre leur souffrance et d'accepter l'indifférence. Être un sans-papiers n'exclut pas que je sais écrire et je n'ai pas hérité de la débilité mentale. Je refuse de me défendre en me servant de mes maux et de mes jérémiades.

J'ai observé comment les Européens abusent de la critique. D’ailleurs, les Français n'ont pas fait de la critique un art, mais un instrument de torture. Ils aiment guillotiner les têtes. Ce n'est pas la critique qui tue la création, mais le manque de respect envers le petit créateur. Les Français me critiquent sans me donner le temps de me défendre. Certains amis clandestins, surpris de mes acquis concernant la langue française, me demandaient pourquoi je n'utilisais pas mon don pour draguer et trouver une femme française ? C'était loin d'être un don, puisque je me faisais chier afin d'appendre la langue de Molière. Beaucoup de pauvres sans-papiers illettrés et diplômés sont coincés dans la douce France. Nous avons oublié la douceur en vivant comme des hors-la-loi.

Je souriais et au fond de moi, je répondais aux pupilles :

– Mon français ! Je l'utiliserai pour m'adresser à tous les Français. Je serai votre humble porte-parole et je parlerai de l'injustice dont sont victimes des êtres humains au pays des droits de l'homme.

J'ai choisi la France parmi d'autres pays en étant fasciné par son histoire artistique, ses valeurs et son calme paradisiaque. J'ai passé ma vie à apprendre la langue française à l'aide d'un dictionnaire illustré que j'avais emprunté à mon beau-frère. Malgré les critiques de certains Français, je refusais de renoncer à apprendre le français. Derrière ma volonté, il y avait de la séduction et de l'amour pour la France. À cet âge, j'étais naïf et dupe. J'étais loin d'imaginer que j'allais devenir la proie d’un roi et visé par son vizir. Déjà, une Française m’a suggéré de rentrer chez moi. Comme vous, Monsieur, elle se sentait plus Française que moi. C'est dingue ! Vous distribuiez à droite et à gauche des cartes de séjour, sur des critères immuables et à des étrangers qui n'ont jamais pensé à venir en France. La plupart ne savent même pas formuler une phrase en français, alors que j'ai consommé ma jeunesse en rêvant de frôler avec ma semelle usée le sol français.

Être Français veut dire quoi ? Avant, tout Français était blanc avec des yeux bleus. Aujourd'hui, le Français peut-être n'importe qui. Un Français doit en premier croire aux valeurs des droits de l'homme. Mais comment pouvez-vous défendre ces valeurs, si vous expulsez des clandestins ? Les clandestins ne sont-ils pas des hommes ?

Malheureusement, au lieu de changer les systèmes politiques et les lois, c'est l'homme qui doit se plier. Je me suis déjà incliné en Algérie. En premier devant la mort et en deuxième en apprenant que j'étais appelé à faire mon service militaire. Curieux, je demandais la raison ? Ils me répondirent que ce service était obligatoire. Et pourquoi était-il obligatoire et qui a le droit de décider de ma vie ?

L'ordre était déjà donné par les généraux pour combattre ce fameux ennemi caché derrière les buissons et qui nous guette. Encore une fois, je devais me soumettre sans discuter. D'autres ont décidé avant moi ce qu'ils croyaient utile pour moi. Au lieu d'essayer de changer le monde, d'améliorer la situation de l'homme et d'installer la paix. Non, ils n'arrêtent pas de déclencher des guerres, qu'ils ne maîtrisent même pas. Et pour leur bonheur, je devais m'engager dans l'armée nationale. Pour me convaincre, ils me promettaient que si je tombais au champ d'honneur avec les hommes braves, je recevrais un trousseau de médailles pour oublier ma jambe amputée. Et si je mourais, ma mère recevrait mon cercueil d'ébène enroulé dans un morceau de tissu de soie, qu'ils appelaient un drapeau. Et en plus, j’aurais mon nom gravé sur une stèle en marbre. Waouh ! Quelle délicatesse de leur part ! Sincèrement, je respecte les martyrs et tous ceux qui ont donné de leur vie. Mais je trouve toujours cela dingue et absurde. Je refuse d'être une marionnette au service des chefs d’État. Sans oublier l'absurdité des historiens qui attribuent tout le mérite de la gloire qu'aux généraux. L'histoire se raconte ainsi : « Le général, à la tête de mille hommes, a gagné la bataille après un accrochage sanglant avec l'ennemi...» Comme si le petit soldat n'avait rien foutu dans cette guerre. Je regrette ! Messieurs, je refuse d'être un figurant dans ma propre histoire.

Voulez-vous un exemple ? En Algérie, une minorité d'anciens combattants revendiquent leur rôle dans l'indépendance en excluant une grande partie des Algériens. Les moudjahidine, grâce aux historiens, nous saoulent avec l'histoire de la guerre d'Algérie. Nous les nouveaux jeunes Blédards, nous sommes devenus des étrangers, alors que d’autres jeunes se vantent d'être les enfants de résistants et des martyrs. Et nous ! Nous sommes les enfants de qui ? Des lâches et des nonchalants. Mon nom malheureusement ne figure pas sur la stèle du million et demi de martyrs. Les historiens, au lieu d'attribuer tout l'exploit au peuple algérien, font du favoritisme. Ces moudjahidine nous parlent du passé au présent. Et au présent, je n’ai pas l'impression d'être un Algérien libre.

De la même façon, ici au pays des merveilles. Ils pointent leurs doigts vers moi et me traitent de sans-papiers, d'intrus, de rebut et de sauvage. Et pour les mêmes raisons, j'ai décidé de me défendre. Pourquoi est-ce toujours aux autres de décider à ma place, si à leurs yeux, je suis qu'un cas parmi d'autres cas ? Au fond de moi, je sais que je vaux mieux. Le gouvernement français veut me juger depuis mon introduction en France ; alors que mon histoire débute de l'Algérie. Ignore-t-il que le mal se guérit depuis la racine ? Les colons français ne quittaient jamais d'un pays dévasté sans laisser derrière eux des traces de leur passage. De plus, du chaos, les Pieds Noirs ont aussi laissé un faux mythe. J'écoutais mes vieux me raconter l'histoire du colon et l'histoire de l'homme dominant. Fasciné par lui, je refusais de vivre avec les miens. J'étais très possédé par le désir d'être célèbre comme Jean-Paul Gaultier, Yves-Saint Laurent et Pierre Cardin. J'étais influencé par les créateurs français. Je rêvais de grandeur, alors que mon pays m'offrait un rang secondaire. Pauvre et fils d'un Algérien nonchalant, je devais me contenter d'être ce minable professeur de dessin. Un art mineur aux yeux de mes supérieures hiérarchiques. Opiniâtre, je refusais d'être un pion au pays du piston et de la corruption. Et sans hésitation, j'ai décidé de suivre la trace de l'homme blanc.

Voyez-vous, Monsieur Sarkozy, l'histoire commence avant ma naissance. Hélas ! Nous sommes les otages d'une histoire commune. Les anciens ont commencé ce que vous êtes en train de continuer. Énormément de sans-papiers me suggéraient de partir ailleurs et de fuir votre politique d'expulsion massive. Ils me demandaient de partir en Espagne, en Suède ou en Angleterre. Bien sûr, je refusais de fuir à nouveau. J'étais tellement obsédé par l'idée d'être le successeur de Paco Rabanne et de Chanel, que je me voyais déjà en haut de l’affiche. Ils ignoraient que je me suis investi dans mon rêve, jusqu'à renier mon pays et rejeter toute idée de vivre en Algérie. L'insupportable était de me battre contre mon père qui me demandait de renoncer à ma folie d'aller en France. Vos désirs, Monsieur le Président, sont des ordres. Mais ne croyez pas Monsieur, que je vais m'exclure avec votre premier souhait ? Je ne bats pas contre vous, mais pour ceux que je n’ai pas su écouter. Je n'arriverai pas à oublier ce que j'ai enduré en me débattant contre mon défunt père. Mon vieux ! Le pauvre, je l'ai raté à cause de cette maudite France. Je suis passé à côté de lui à cause d'un rêve. Monsieur le Président, vous devez comprendre que j'ai sacrifié plus d'une vie.

Excusez-moi, mais les Français nous prennent pour qui ? Ils croient pouvoir diriger les Africains. Comme si nous n’existions que pour être à leur service ! Je me rappelle l'hiver de l'année 2001. J'étais convoqué à l'institut catholique de Toulouse. J'attendais que la directrice m'annonce une bonne nouvelle. En arrivant à son bureau, la dame souriante me demanda à nouveau de rentrer chez moi. Apparemment, les Français ne sont pas conscients de l'enjeu que prennent les Africains. Ils ignorent qu'il est très difficile à un Africain de venir en France. Nous ne sommes pas des riches et il m'a fallu économiser durant des années pour avoir l'argent de mon billet. La directrice m'invita à venir en France, puis me demanda de rentrer chez moi. Ainsi l'assistante de l'hôpital Cochin, Marine Le Pen et tous les Français croient pouvoir me commander sans mesurer les sacrifices que j’ai accomplis pour venir en Europe. Comme leurs ancêtres, les Français aiment diriger et se faire obéir. Prétentieux, ils ne voient plus qu'ils sont devant une nouvelle vague d'Africains insoumis. Je ne suis pas un rebelle, mais j’appartiens à une nouvelle génération africaine contemporaine. Excusez-moi, Monsieur le Président mais la France est la destination d'une nouvelle génération d'immigrés. J'ai observé le niveau intellectuel des anciens immigrés et ce n'est pas réjouissant. S'ils ont accepté de faire le sale boulot à la place des Français, ne comptez pas sur moi pour balayer vos vieux trottoirs.

Cela n'exclut pas que j'étais berné par le faux éclat de la douce France. J'ose vous écrire, Monsieur le Président, pour que vous mesuriez la gravité de l'enjeu. Qu'importe le sort qu'il me sera réservé, je suis l'exception qui définit la règle.

Durant, le dernier tour des élections présidentielles, les clandestins étaient terrorisés à l'idée que vous soyez élu. Tout à coup, la vie a perdu son goût et son sens. Cautérisé, je peux aujourd'hui décrire l'angoisse qu'a connue et connaîtra chaque homme minoritaire menacé par l'extinction de sa race. Avant votre élection, j'étais l’Hutu et vous étiez le Tutsi. J'étais le juif et vous étiez le nazi. J'étais le Tibétain, le Kurde, le Nègre et vous étiez à la fois le tyran et le Messie. Fondu par la fournaise du couloir de la mort, j'attendais avec les clandestins l'espoir de voir Ségolène Royale présidente de la Vème République. Même si je savais que vous étiez l'homme qui a bien ciblé une des causes de la crise de ce pays, l'homme approprié au poste du Président et l'homme de la situation, à l'exception de ma situation, vous étiez un homme dangereux pour ma survie et pour celle de ma nouvelle race. Dangereux par la facilité et la rapidité avec lesquelles vous voulez régler l'immigration clandestine. Actuellement, je fais partie du clamp des clandestins. Si moi, je l’oublie, les autres n'hésitent pas à me rappeler que je ne suis qu'un paria, un renégat et un sous-homme.

En tant que clandestin, je soutenais la gauche. Je ne pouvais pas jouer les traîtres, faire comme Éric Besson et retourner ma veste. Mais je crois que Monsieur Besson a fait le bon choix. Il a quitté un vieux bateau qui est en train de toucher le fond. Comme lui, j’ai quitté l’Algérie. Quelques personnes me consolaient en me disant que peut-être vous n’étiez pas méchant. Tous munis de leurs papiers, ils étaient moins exposés à votre grogne. Même si tous les immigrés avaient peur et prédisaient l'Apocalypse Now. Vous avez ciblé les raisons de l'immigration et ses fâcheuses conséquences. Autant je suis d'accord avec vous sur quelques points, autant j'ai peur d'une éventuelle exclusion. Pourtant, j'aime la France et je me suis fait chier en apprenant la langue de Molière. Je me suis battu depuis plus de dix ans contre les critiques des Français qui reprochaient la médiocrité de mon écrit, alors qu’ils ne maîtrisaient aucun mot arabe. Voulez-vous savoir pourquoi Monsieur j’ai renié ma langue ? Parce que les colons français en quittant l’Algérie, ont laissé en plus des champs minés de fausses idées afin de nous affaiblir et de nous décourager. Une des idées plantées dans l’esprit commun des Algériens, était de leur faire croire qu’ils étaient incapables de réussir leur progression sans l’aide des Français. Et devant le flux migratoire des Algériens vers la France, j’étais l’un des Algériens à croire à notre faiblesse. Une question se posait d’elle-même. Comment les Français ont-ils deviné qu'après l’indépendance nous serions toujours dépendants d’eux ? Ces Français, ils sont vraiment forts. À présent, j’ai compris que les Français ne possèdent pas un don de voyance. Ils possèdent surtout une expérience et notre retour vers notre ancien ennemi a été programmé. Ce retour des Algériens vers l’ancien occupant traduit que la France ne s’est pas tout à fait investie dans le pays à l’époque coloniale. Savez-vous pourquoi Monsieur le Président, j’ai décidé d’étudier la langue française ? Parce que les Français m’ont incité malicieusement à renier ma propre langue maternelle. En me faisant croire que la langue arabe était une langue morte, alors qu’il n’y a pas de langues vivantes ou de langues mortes. J’ai renoncé à écrire en langue arabe parce que les Français m’ont fait croire que le français était une langue vivante. Toutes les langues sont en réalité des langues vivantes. Malheureusement, même à l’école algérienne, ils désignent les langues française et anglaise comme des langues vivantes. Sans se soucier de l’influence néfaste qu’aurait cet écart distinctif entre les langues littéraires sur les élèves et les amener à négliger leur langue. Avant, j’étais surpris du mal que se donnait Philippe de Neuville afin de défendre la langue française et le besoin des Français de faire répandre la langue de Molière à travers le monde entier. Les Français sont tellement fiers de leur langue, qu’ils refusent d’apprendre des langues étrangères. Bêtement, je croyais que ma langue était une langue morte. Comment la langue arabe peut-elle mourir, alors que nous sommes vivants ? Je découvre que la France continue toujours sa politique du tri et du favoritisme.

Opiniâtre et convaincu de mes facultés et mes capacités, je me suis battu. Aujourd'hui, je refuse de me justifier et d'être obligé de prouver mon amour pour la France. Malheureusement, les Français sont de si mauvaise foi, qu'ils me demandent constamment de prouver ma sincérité. Chaque fois que je renouvelais mon certificat d’aide médical, je devais prouver que je n’ai pas quitté le territoire français. Je n'aurai pas autant de prétention que cet Algérien en pleine manifestation, qui disait se sentir comme un vrai Français, parce que toute sa famille était en France. Je regrette, Monsieur le Président, mon amour n'est pas du chauvinisme ni du patriotisme. Je revendique mes droits face à mes sacrifices et au prix que m'avait coûté ce voyage périlleux. Et arrêtez de me parler de Molière ! Molière est mort en 1673 et je suis encore vivant !

Je trouve cette façon de prouver son attachement à ce pays humiliante. Tous les immigrés doivent réunir un millier de papiers pour être régularisés. Madame A, chaque mois, recevait une vingtaine de courriers et des factures, qu'elle devait classer. L'homme devient l'esclave des chiffons et de la paperasse. D’ailleurs, je me vois mal écrire à nouveau une lettre de motivation pour prouver ma bonne foi envers la Vème République. J'en ai tellement écrit aux écoles françaises et voyez le résultat ! Je suis devenu un clandestin. Pourquoi les concubins français exigent-ils de moi que je signe un contrat avec la France, alors qu’ils n'ont jamais respecté nos engagements ?

En surplus de ma vie sacrifiée, que vous faut-il ? Une blessure de guerre ou un contrat d'embauche ? Considéré comme une fonction libérale, mon contrat avec la société des écrivains ne valait rien aux yeux de la loi. Mes échecs et mes premières dépenses n'ont pas suffi, je devais payer à nouveau plus de 2000 € pour rien. Pourquoi les choses non sont-elles pas simples ? Comme le disait J-J Goldman : S'il suffisait d'aimer ! Ils disent qu'il faut se battre pour son amour. Quel amour ? J'étais bête d'aimer un pays, une fiction et un mythe. À cause de la France, j'ai raté ma vie et ma jeunesse. À 35 ans, je trône sur un vide total. Je me suis investi dans un rêve dur à réaliser en fermant mon cœur devant les avances des belles brunes. Au lieu de suivre ces jouvencelles et de connaître l'ivresse de l’amour, j'ai suivi mon rêve sans jamais atteindre l’Everest. Après mon retour de Toulouse, j'étais à moitié mort. Néanmoins, le choc m'a permis d'ouvrir mes yeux sur la réalité. Dès mon arrivée en Algérie, tous mes amis s'étaient déjà investis dans des projets. Quelques-uns ont acheté des appartements et d'autres se préparaient à se marier, alors que j'avais perdu tout mon budget et mes convictions. Ils avaient des projets concrets et palpables, alors que je suivais une chimère. Sans oublier les conflits entre l’Orient et l'Occident qui rendaient l'accès difficile en France.

C’était très dur d'affronter mes échecs et de découvrir le bonheur des autres. Meurtri, ils m'invitaient aux banquets alors que mon esprit était ailleurs. Depuis des années, je vivais avec le corps en Algérie et l'esprit en France. J'étais un vieux célibataire ruiné par ses échecs et qui ne pouvait de rebrousser son chemin. J'étais obligé d'affronter mes regrets en jalousant les jeunes mariés. L'insupportable était de voir des Blédards nonchalants devenir des Français, sans jamais avoir pensé à immigrer, alors que j'ai consommé toute ma vie avant de pouvoir franchir les frontières de l’Hexagone.

Et maintenant, Monsieur Sarkozy, vous osez me blâmer d'entrer dans la cité interdite d'une façon irrégulière. L'anomalie chez moi, n'est pas une chose innée. Parfois, la vie ne vous laisse qu'un maigre choix. Celui de foncer en avant, nager contre le courant et franchir les barrières. Et aucun homme ne forcera mon cerveau à avorter de son rêve. Si j’ai aimé la France, j'ai exagéré en l’adorant.

Certains immigrés croyaient que j'étais venu pour le blé. La plupart des immigrés sont obsédés de revenir au Bled avec une belle voiture. Juste pour faire envier les jeunes Blédards du quartier et épater la famille. Après des mois d'absence, un ami qui travaillait avec moi au noir, me croisa par hasard. Et sa seule phrase pour moi était : « Alors, t'as achetée une voiture ? » Qu'est-ce qu'ils ont tous ces Blédards à parler de voiture ? Personnellement, je vaux mieux que Monsieur Renault et son pote Peugeot. Je suis venu en France pour récupérer ce qui m'appartient : ma jeunesse sacrifiée !

Pour mon peuple, je me veux un homme intelligent et consciencieux. J'ai gardé le silence devant les moqueries de mes amis Blédards et devant les niaiseries des immigrés. Mes soi-disant patrons voulaient me garder auprès d'eux, sous leurs ailes en employant la ruse. Ils me parlaient comme les hommes politiques :

– «Nous» allons faire… ! Où, notre projet est ... !

Je les écoutais sans piper mot, en riant dans mon for intérieur. Ils croyaient que j'allais vivre dans leur ombre et dans le noir toute ma vie. Ils disaient «nous» et m'assimilaient à eux, alors qu’à leurs yeux, je n'étais qu'un pion. Mes soi-disant patrons récoltaient des millions d'euros et je ramassais des miettes. Ils ne se doutaient pas que j'avais mon propre projet et mon ambition dépassait leur entendement et leur esprit mercantile. Aucun Français, aucun immigré et aucun Blédard ne soupçonnait que j'étais un écrivain. À leurs yeux, je n'étais qu'un clandestin : un homme qui ne se manifeste ni par audace ni par zèle, mais en prenant conscience que chaque être humain mérite un minimum de respect. Pendant ces trois années noires, j'ai joué le rôle de Paul Newman dans son film Luke la main froide. L'unique désir de Luke était de s'enfuir de la prison. Insoumis, il multipliait les tentatives contre l'autorité des gardiens. Il voulait surtout voir sa mère très malade. Dans une scène, Luke le résistant devint docile et servile. Il changea de méthode jusqu'à écœurer les autres détenus. Ses amis qui le voyaient s'incliner ne se doutaient pas que l'homme enchaîné faisait semblant d'être asservi et dompté par les matons. Et sans tarder, Luke s'enfuit dans un camion.

Comme Luke, j'ai joué le rôle de l'homme subordonné en Algérie et en France. En domptant mon corps, ils croyaient posséder mon esprit. J'avais besoin de mes soi-disant patrons pour financer mes projets et mes échecs. Malgré mon bobo ! Insoumis et opiniâtre, je portais mon rêve contre mon cœur. Vraiment imbécile, celui qui croit me posséder ! Autant que vous, cher Président, je suis contaminé par la folie des grandeurs. J'ai refusé de me soumettre au régime du monde entier. J'ai refusé la blouse du professeur qu'ils nous obligeaient à porter en Algérie. Ce n'était pas une blouse, mais une camisole de force blanche. Les quatre murs de la classe ressemblaient à ceux d'une chambre d'un asile psychiatrique. D’ailleurs, j'ai toujours refusé de demander l'asile politique. Malgré tout, j'aime l'Algérie en essayant de comprendre ce qu c’est que d’être un Français. Tout le monde dit aimer la France et mourir pour le drapeau BBR. Supposons que ce pays tombe en faillite ? D’ailleurs, il n'est pas loin. Tous ces intrus qui se disaient Français en revendiquant à haute voix leur amour pour la patrie, resteront-ils lorsque la France sera ruinée ? Je suis sûr et certain que les plus chauvins de la droite et de la gauche s'en iront les premiers. Juste une poignée restera. Tous les Français partiront vers d'autres pays prospères. D’ailleurs, Johnny n'a-t-il pas voulu fuir ? Laure Manaudou n'a-t-elle pas déserté vers l'Italie ? En réalité, les riches possèdent un château en France et une villa en Amérique, ou en Afrique, particulièrement au Maroc et en Tunisie. Madame Cicilia ne vit-elle actuellement à Dubaï ? Seuls, les Français fauchés resteront dans l’Hexagone tant qu'ils n'auront pas les moyens de partir. D’ailleurs, ce sont les pauvres français qui manifestent dans les rues, parce qu'ils sont les premiers exposés à la misère. Nous voulons tous vivre et personne n'est éternel. Aucun de nous n'a le temps et la patience d'attendre. Les hommes politiques tiennent rarement leurs promesses faites au peuple.

Mais nous avons l'intelligence d'éviter la chute. Nous avons l'opportunité d'étudier les civilisations révolues et de comprendre les raisons de leur chute. Paraît-il ? Après atteindre son apogée chaque grande civilisation est destinée à tomber dans le déclin. Et la crise qui touche la France à ses causes ? Bizarre que nos vertus qui nous démarquent des autres Terriens et nos qualités qui nous attirent les plus belles flatteries, puissent devenir nos points de faiblesses. L'Amérique se trahira par sa présomption et son arrogance. Si l'Amérique a pu triompher de tous ses ennemis, il lui reste à triompher d’elle-même. Le carnage de Virginia Tech est un signe que ce pays s'autodétruira. Lorsqu'il éliminera tous ses présumés ennemis, il ne trouvera que son reflet à combattre. Pour voir ce pays mourir, il faut s'abstenir de répondre à ses harcèlements. Ce pays vit et se distingue par sa domination.

J'ignorais que je possédais un don de voyance, puisque ce que j'ai envisagé l'année passée en écrivant les six dernières lignes en haut. Cette année, ma vision s'est matérialisée et le mythe du rêve américain s'est brisé. Je n'imaginais pas que le déclin de la grande puissance au monde soit si proche. Sincèrement, je suis heureux de vivre de mon vivant la chute de l'aigle américain. Je n'exprime pas ma haine contre the bad cowboy, mais surtout mon ras-le-bol. Les Américains exagèrent en faisant de tous les musulmans des terroristes. La crise économique mondiale qui touche les grandes puissances au monde, renforce mon idée. Je ne crois pas à la supériorité de l'homme blanc. Les Américains ne sont pas forts et puissants, ils ont juste les moyens et le scrupule de faire ce que les autres n'osent pas faire. Le pauvre n'est pas moins intelligent que le riche. Tout simplement, le pauvre veut gagner sa vie honnêtement, tandis que le riche n'hésite pas à gagner sa vie d'une façon frauduleuse. Je ne suis pas étonné de voir les grandes entreprises françaises délocaliser. Les patrons français n'hésitent pas à partir ailleurs en licencient des milliers d’honnêtes gens. Le même système français qui me demande de m'intégrer, reste impuissant devant la fuite des grands patrons français. Aujourd'hui, les Français s'enfuient vers l'Europe de l'Est et l'Asie.

La France aussi s'autodétruira par le trait qui fait sa renommée et toute sa splendeur : la liberté ! Les libertins français ne savent plus profiter de leur liberté conditionnelle. Sans aucun gène, les patrons licencient, les pauvres se suicident et les immigrés viennent en France surtout pour l'argent. Même si rarement, ils l'avouent. Nous sommes tous ici, par ce que nous venons de pays pauvres ou appauvris. Les Français aussi se battent pour préserver leur petit luxe sous des airs de patriotisme.

Non, il ne faut pas généraliser parce que je ne suis pas venu pour l'argent. Mais pour trouver une civilisation moderne, qui m'aidera à m'épanouir intellectuellement. Le vieux Monsieur du CIMAD avait des doutes sur le vrai motif de ma venue en France. Il me disait que l'Algérie se portait bien économiquement ! Je refusais de me justifier auprès de ce Parisien. Et de lui dire que je n'ai pas fui l'Algérie à cause de notre pauvreté. J'ai quitté mon pays parce que je refusais de devenir un consommateur et un matérialiste comme les autres Blédards. Je refusais d'accepter le petit rang que m'attribuait le système algérien. Parce que j'étais un professeur de dessin, je devais rester à la traîne sous le prétexte que j'exerçais un métier secondaire. Les Français sont de si mauvaise foi, que je trouve inutile de leurs prouver mon amour pour la France. Cet amour que j'avais perdu à cause du regard qu'ils portaient sur mes origines algériennes. J'étais venu en France pour évoluer intellectuellement et artistiquement. J'ignorais qu'à la capitale de la mode, je vais connaître la régression et la clandestinité.

Vous êtes l'homme approprié au poste du Président, l'homme de la situation, mais pas dans mon cas. Pour les gens dans ma situation, vous êtes un homme dangereux. Dangereuse, la rapidité avec laquelle vous voulez régler le fléau de l'immigration clandestine. Je suis tout à fait d'accord avec vous, la France ne peut supporter toute la misère du monde. Mais la France ne participe-t-elle pas avec sa politique à maintenir les pays pauvres dans la précarité ? N'avez-vous rien à vous reprocher ni par le passé ni par le présent ? Si la France porte les séquelles de l'occupation nazie, a-t-elle oublié le carnage laissé en Afrique ?

Je suis aussi contre la liberté que prennent les gens à venir en France. Il est impossible que l’Hexagone puisse supporter ces nombreux intrus. De cette façon, les Français ne pourront pas contrôler et maîtriser la croissance démographique. Le flux des immigrés produira un surplus qui mènera à un affrontement inévitable avec les Français blancs. Et malheureusement, les femmes immigrées ne réfléchissent ni à l'avenir ni aux conséquences. À cause de l'aide accordée par l’État, ces femmes étrangères multiplient les naissances sans se préoccuper de l'avenir de leurs enfants. Elles croient que le gouvernement français possède des solutions à tous les problèmes. D'un autre côté c'est la politique française qui les encourage à faire beaucoup d'enfants, sous prétexte que la population française vieillit. J'évite de donner une raison à l'extrême droite, puisque les femmes françaises contribuent aussi à gonfler la croissance. J'étais surpris de découvrir que des beaucoup de femmes blanches possèdent plus de deux enfants. Des femmes qui préfèrent rester au foyer plutôt que de travailler.

Personnellement, Monsieur Sarkozy, je ne veux pas profiter de l'hospitalité de la France. Et surtout, j'évite de vivre de mes blessures de rescapé. Je refuse d'imiter les juifs et les Africains qui exploitent le passé pour se faire entendre. Aujourd'hui, nous sommes les enfants du présent et non ceux d'hier. Ni des indemnisations ni vos excuses, Monsieur le Président, ne pourront me rendre ce que les Français m'ont fait perdre. Au lieu d'écrire mes mémoires de clandestin, je veux trouver des solutions.

N'oubliez pas, Monsieur Sarkozy, que nous sommes ici parce que la France a commis l'erreur de nous coloniser. Bien sûr, les faits se sont déroulés au passé. Alors pourquoi, chaque fois qu’un Africain discutait avec un Parisien, l’Africain ne pouvait pas s'empêcher de mettre en cause la France dans le chaos africain ? Le Parisien avouait à demi-mot sa responsabilité dans le sous-développement de l'Afrique. Il ne pouvait s'empêcher à son tour de sourire devant l'infériorité de l’Africain. L'homme noir s'emmure dans l'histoire, alors que l'homme blanc s'est libéré. L'Europe œuvre à l'unisson afin de contrôler le monde, alors que les Africains passéistes s'entretuent. L’Africain tue l'Afrique. Nous devons cesser de vivre à travers l'homme blanc et de lui rappeler qu'il était un jour notre maître. Il faut que les Africains rompent avec leur passé et comprennent que nous pouvions aussi faire mieux que les Français. J'avais un ami égyptien, qui me disait que l'Algérie était pauvre parce que la France a épuisé ses réserves de fer et exploité ses richesses durant plus d'un siècle. Allons-nous tous devenir les otages du passé ? Devons-nous vivre pauvres et tiers-mondistes parce que dans une époque révolue des hommes nous ont exploités ? Les Noirs ne se libéreront que lorsqu'ils ne penseront plus au racisme. Ils resteront des esclaves, tant qu'ils vivront à travers le regard de l'homme blanc. Les Français m'ont traité de sauvage, de polygame, de raciste et je m’en moquais complètement. Le médecin algérien me disait que les Français me traitaient de bicot dans mon dos. Je lui répondu que j'étais insensible aux critiques des Français. Je refuse de jouer les prolongations avec eux.

Ce n'est pas aux Français de me dire qui je suis. Je suis toujours étonné de voir un Africain irrité, lorsqu’un Français le traite de sale nègre. Ils m'ont traité de sale Arabe et je n'étais pas en colère. Je n'ai jamais douté de ma propreté et les Français ne sont pas tous propres. J'ai vu des Parisiens mettre le doigt dans le nez, ramasser dans les ordures, pisser et cracher par terre. Les Parisiens appellent à la propreté et pourtant, les trottoirs sont remplis de crottes de chiens. Les Parisiens me demandent de ramasser le papier que j'ai fait tomber. Et ils refusent de ramasser la merde de leurs animaux domestiques. Sans oublier leurs jeans ! Les Parisiens portent des pantalons troués et usés jusqu'aux ourlets sales. Les Parisiennes portent des sacs à main sales et des manteaux en laine pleins de poils de chiens.

Il faut juste lever ses yeux vers le toit de la station Châtelet pour voir les taches de moisissures et parfois, même sur les murs. Pourtant, ce sont ces sales Africains qui nettoient leurs merdes qui s’entassent sur les bords des trottoirs. Non, Monsieur Sarkozy, je ne suis pas insolent. Je ne réponds pas à l’insolence par l’insolence, mais j’aimerais que nous parlions d’autres choses. Et que les Français arrêtent de nous harceler. Je suis obligé de gommer le mythe de la supériorité pour parler de la supercherie blanche. À présent, je me méfie de vos jolis sourires.

Le problème de l’Africain est qu'il ne possède pas une confiance en lui-même. Le plus surprenant est de découvrir que l’Africain possède un sentiment d'infériorité devant moi. Pourtant, l’Africain et l'Arabe viennent du même enfer. C'est l’Africain qui doit cesser de se dénigrer. Avez-vous lu la dernière trouvaille de SOS racisme ? Ils ont attaqué des discothèques parisiennes qui refusaient l'entrée à des Noirs – et alors ? Pour une fois, je donne raison aux Français. Les Parisiens ont le droit d'entrer dans les boîtes de nuit parce qu’ils le méritent. Au moins, ils ont travaillé et bossé très dur pour moderniser l'Europe. Qu'ont-ils fait, les Africains ? Rien. Tous les pays noirs sont des pays sous-développés. Le videur de la discothèque, en refusant l'entrée aux Noirs, voulait leur expliquer que l'heure n'était pas propice à la danse et à la débauche. L’État de santé critique de l'Afrique n'autorise pas à baisser la garde. Les Noirs devront essayer de travailler et de s'échiner, au lieu de passer leur temps à chanter et à faire du rapp. Que savons-nous des Noirs ? À par, qu'ils sont des sportifs, des chanteurs, des danseurs et des dealers. Comment voulez-vous que l'Afrique sorte de sa crise s'il n’y a pas des initiatives de la part des Africains ? Et pour une fois, oubliez de mettre en cause l'homme blanc. Voilà Obama qui œuvre pour une nouvelle Ère. Alors, soyez à la hauteur de l'opportunité que vous offre la destinée. Ce n'est ni une revanche, ni l'heure de la vengeance. Le mythe de l'homme blanc vit surtout dans l'esprit de l'homme noir. Ce sont les Noirs qui font vivre son mythe. Sinon, le Français est un homme ordinaire et assez banal. Le Français est un épouvantail et nous sommes les corbeaux. L'homme de paille vit, parce qu’il nous fait peur. Mais si nous volons chercher ailleurs notre grain et notre gain, l'épouvantail blanc se trouvera tous seul et sera d'aucune utilité. Excluons l'homme blanc de notre champ de pensée, et voyons s'il peut vivre sans nous. Défions Monsieur Le Pen et voyons s’il peut survivre loin de nous. En ce mois de décembre de cette année, j'ai rencontré un jeune Africain sanglé dans un costume beige avec sa copine parisienne noire. Les deux nouveaux Français descendaient à Châtelet direction la discothèque. Pauvre Afrique ! L’Africain préfère se déhancher au lieu de s'échiner.

Au début, je souhaitais voir la gauche gagner les élections présidentielles. Mais durant cette dernière année, j'ai pu me faire une idée sur la réalité des socialistes. Les défenseurs de l'humanité ont leurs défauts, comme le cœur a ses faiblesses. Et pour créer un équilibre, il faut agir avec son cœur et avec son cerveau.

Après trois ans passés en France, je commence à connaître le calendrier annuel des Français. Dès leur retour des vacances estivales, les Français connaissent leur planning. Après le rituel des rentrées scolaires, je vois apparaître la première pile du journal Métro devant l'entrée du métro. Je suis heureux de voir le seul journal qu'un clandestin peut acheter et je suis angoissé au même temps. Autant les journalistes nous informent, autant ils nous empoisonnent la vie. Je suis sûr que cette année aussi je serai de mauvaise humeur durant les prochains mois à venir. Le journal Métro de l’année passée était imprimé dans sa forme et sa couleur habituelle. Enfin rien de nouveau ! Nelson est plus ennuyeux que Garfield. Sinon, le chat paresseux me manque. J'aime lire le journal Métro surtout pour tuer le temps et oublier la grisaille des sous-sols de la station Châtelet et les longs tunnels. En réalité, le climat parisien est plus clément que les journalistes du métro. Ils ne sont payés que pour nous annoncer des mauvaises nouvelles. Au pays des droits de l'homme, le gouvernement français s'inquiète de l’État des SDF que lorsqu'ils meurent de froid. À nouveau les journalistes profitent de l'occasion et, comme lors des deux années passées, nous sommes obligés de lire ce qui était déjà lu. Les Français tournent en rond et chaque année ressemble à l'année passée. L'opposition et les associations humanitaires dénoncent la précarité et l’État promettent toujours des solutions miracles. Je comprends à présent pourquoi les Français se suicident. Ils n'arrivent pas à sortir de l'engrenage. La vie des Parisiens est réglée comme votre montre Rolex. Dès que j'ai vu le tas du journal Métro, je me suis dis, et voilà que ça recommence ! Dès la rentrée, les Parisiens sont confrontés au même calendrier annuel des fêtes que celui de l'année passée. Avec l'arrivée du froid automnal, les journalistes commencent à nous parler des mal-logés. Chaque fois, ils nous annoncent la mort de nouveaux SDF. Puis vient la période des fêtes, la fête de Noël est une courte pause magique pour les Parisiens et la fête du Nouvel An est une occasion d'oublier tous ces suicides collectifs et ces longs procès qui ne finissent jamais. L’année passée, nous étions obligés de suivre le procès d'Yvan Colonna, le berger corse. Pour la bonne résolution du Nouvel An, les Français ont décidé d’arrêter de fumer. Une promesse qu’ils ne pourront jamais tenir face à l’acharnement des journalistes à les étouffer. Après les soldes et les vacances à la neige, c'est le temps des salons. Le Salon International de l'Agriculture, le Salon International de l’Automobile et le Salon du Livre. Après la victoire de la musique, le Sidaction est une occasion de revoir les enfoirés. Avec le printemps c'est le retour de la manifestation le Printemps des Poètes. La cérémonie des Molières et la cérémonie des Césars sont un semblant de bouffée d’air. Sans oublier le célèbre festival de Cannes et son fameux tapis rouge. Au début de l’été, c’est l'euphorie des vacances, sans oublier le Tour de France et le maillot jaune. Le Tour de France ! Une occasion pour reparler du dopage. Et puis, en septembre, c’est la fête de l’humanité. Ils devraient l’appeler la fête de la bière à cause des tonnes de bouteilles et de cannettes que les fêtards laissent derrière eux !

J'ignorais, Monsieur Sarkozy, que les Français étaient très généreux. Bien sûr sauf avec moi ! Sur ma route, je n'ai croisé que des radins, à part Jenny et Monsieur L. Sinon, je refuse que les hommes passent leur vie à moisir dans les longues files d'attente pour une soupe chaude. Les humanistes avec leur élan de générosité habituent les autres hommes à dépendre de la charité. Au lieu de travailler, beaucoup de citoyens français et étrangers dépendent du Secours catholique, d’Emmaüs, et d’autres associations. Je refuse de me rendre à ces restos de cœur, où j’étais obligé de courir d'un arrondissement à autre juste pour obtenir une feuille de laitue, une brique de lait et un paquet de pâtes. Comment la marie de Paris permet-elle que des êtres humains ramassent par terre et que d'autres vivent de la charité ? Elle est où, la supériorité française ? Cette solidarité n’est pas une solution réelle face à la misère des gens.

Les SDF sont-ils le produit de la faiblesse française ? Sont-ils la proie de leur manque de résistance ? Pour si peu ! Ils se suicident et font des dépressions nerveuses. Ces SDF avec un peu de réflexion comprendront, qu'ils se donnent la mort avec l'ivresse. Je comprends ces hommes marqués par l'histoire de la France. La société française s'est transformée à travers les époques. Certes, le Français a subi toute cette influence. Pour le comprendre aujourd'hui, il faut suivre son évolution à travers le passé. Avant, je croyais que le Français se suicidait par faiblesse, alors qu’il se donnait la mort lorsqu’on touchait à sa dignité. Le clandestin est le cousin du SDF, et beaucoup de sans-papiers se droguent et se saoulent. Aucun homme ne peut supporter les pressions que supportent ces sous-hommes. Si les Français prennent conscience du risque et des périples que nous prenons, ils ne suicideront jamais. Quand j'apprends qu'un Français s'est donné la mort, je me dis :

– Quel con ! S'il savait ce que j'ai enduré pour entrer dans son pays. Et s'il est tout à fait mort, pourquoi ne pourrais-je récupérer ses papiers ? Au moins vivant, je serai utile !

Comme les autres bons citoyens, jamais je ne faisais attention aux SDF. En Algérie, je les prenais pour des hommes fous. Mais en devenant un sous-homme, je suis senti près des clochards et non l'un d'eux. Avant, je croyais que c'était la société qui les avait exclus, alors qu'ils se sont délibérément détournés de la vie sociale. En réalité, nous sommes les fous et non eux. Car nous avons accepté de vivre dans une société fracturée et dominée par nos hauts supérieurs hiérarchiques. Nous avons accepté de rentrer dans les rouages du système et d'accepter de devenir les esclaves de l'ordre rétabli. Nous devons travailler toute l'année et toute notre vie pour avoir un toit et quatre murs. Nous ne sommes pas tout à fait libres. Nous sommes contrôlés par un système et nous dépendons de ses lois. Leur suicide n'est pas un geste de lâcheté et leur marginalité n'est pas un trait de faiblesse. Le dernier suicide de Monsieur Jean-Jacques Mignot qui s’est donné un coup de couteau dans le cœur confirme mon point de vue. Le bon Samaritain a choisi de s’ôter la vie plutôt que de vivre à la rue. Le suicide chez les Français n’est pas une faiblesse ou un manque de foi. C’est plutôt un outil d’expression, un appel de détresse et un moyen d’attirer l’attention devant l’indifférence des hommes politiques face aux problèmes des honnêtes citoyens.

Les humanistes ne sont pas de bons présidents. Les plus grands empereurs ne possédaient pas un cœur, mais un cerveau dans un grand corps doté d'un sale caractère et sans état d'âme. À part si vous vous appeliez Charles Cœur de Lion. Napoléon était aussi un petit homme et d'ailleurs, je connais deux présidents, à qui les journalistes reprochent leur nanisme. Moi qui veut sortir de mon mutisme, je ne me fie pas à ma taille ni à mon teint. Je comprends Monsieur Sarkozy votre crainte et celle de la France d'ouvrir les frontières aux flux des étrangers. L'Hexagone est un récipient qui risque de déborder. J'étais vraiment surpris par le nombre des immigrés dans l'île de France. Mon Dieu ! Ils sont tous ici, les Africains, les Arabes, les Chinois, les Indiens, les Yougoslaves, les Portugais et les Chiliens... ! Et dernièrement, j’ai vu beaucoup d'Égyptiens à Paris et la plupart ne parlent pas un mot de français. Les nouveaux pharaons clandestins sont de tout âge. Il suffit d'aller aux marchés de Paris pour entendre ces crieurs. Malheureusement, les marchés de la prestigieuse Paris ressemblent aux souks du Caire. L’État des marchés est lamentable ! Mon Dieu, j'ai l'impression d'être au Bled. Je n'ai pas attendu beaucoup pour comprendre la raison de ce grand flux d'Égyptiens, puisque la réponse, je l'ai deviné avec l'exposition Bonaparte et l'Égypte. La France est rattrapée par son passé colonial. L'exposition se déroule à l'institut du monde arabe et dans la même année, j'étais interpellé par la grande affiche de Oum Keltoum. Sans oublier la relation entre Sœur Emmanuelle et les chiffonniers du bidonville du Caire. La politique de l'immigration choisie signifie-t-elle du favoritisme ? S'il y a actuellement une grande influence envers de nouveaux Égyptiens, c'est qu'elle est tolérée et planifiée, puisque ces Égyptiens que j'avais croisés étaient loin d'être des élites. Ils étaient choisis, juste parce qu'ils étaient d'origine égyptienne. J'espère ne plus travailler avec cette souche d'Arabes. Ils sont hautains, violents et très têtus. J'avais toujours des difficultés à communiquer avec eux et pourtant, j'étais né dans leur berceau. Drôle d'Ère, Les Égyptiens sont ici et les Français sont là-bas.

Sinon, Monsieur Sarkozy, vous savez que les dispositions prises avec les pays européens et qui renteront en vigueur pour limiter le nombre des étrangers n'apporteront qu'un semblant de solution. Vous luttez contre le gargouillement d'un ventre vide qui est plus fort que le pouvoir du sceptre. Vous pouvez bâtir une autre muraille de Chine autour de l'Europe. Les gens poussés par la faim et la misère trouveront toujours une faille dans l'enceinte. Avec une méthode très subtile, vous voulez régler le problème entre les riches. Une façon de faire croire que ce problème ne concerne que l'Europe et seuls les Européens souffrent de ce fléau. Par la même habileté que vos aïeux européens, vous désirez interdire aux Africains de trouver une solution. Je trouve très vaniteux de culpabiliser les Africains et de leur faire croire qu'ils devront juste subir. Avec la même prétention que vos aïeux, vous voulez insinuer que seuls les puissants européens peuvent résoudre le problème de l'immigration clandestine. Et pourtant, tous l'Europe est paralysée par la crise économique et la flambée du prix du pétrole. Si les Européens étaient des surdoués ? Comment expliquez-vous la récession économique qui touche l'Europe ? Les Français ne sont pas loin de se révolter à nouveau.

Monsieur Sarkozy et tous les chefs européens, ne croyez-vous pas qu'il est temps de nous libérer de votre mythe ? L'Europe n'est pas aussi puissante que l'Afrique est faible. Tous les Européens savent que le fléau de l'immigration dépend de la situation des pays pauvres. Et vous ne pouvez régler ce problème sans l'aide des pays soi-disant pauvres. Nous sommes tous les deux concernés par ce problème et le clandestin n'est pas l'unique coupable. L'Europe et l'Amérique doivent changer leur politique et leur système économique envers les pays sous-développés. Tant que vous contrôlerez l'économie mondiale, il y aura toujours un déséquilibre. Monsieur Sarkozy, vous savez que l'expulsion massive et le système du quota ne sont qu'un leurre. Vous ne voulez plus de clandestins ? Libérez l'économie des marchés. Laissez les Africains planter ce qu'ils veulent sur leur terre. En matière de concurrence, c'est le meilleur qui gagne. Mais l'Europe veut toujours sortir gagnante en nous réduisons à l'esclavage. Soyez-en sûr, Monsieur Sarkozy, je n'ai pas d’antécédents. Mais j'ai un passé et une histoire. Je suis un des descendants d’al-Khāwarizmī.

Les pays africains et arabes sont aussi responsables de notre situation clandestine. Au lieu d'investir dans l'avenir, la création et l'exploration, ils se réfugient dans le passé. Les Africains nonchalants se servent du passé et refusent de travailler, de construire et de développer de nouveaux projets en Afrique. Est-ce que le futur leur fait peur ? Où est-ce des hommes qui ne croient plus à l’avenir ? Ils veulent réussir en France ce qu’ils n’ont pas réussi en Afrique.

Avec l’arrivée d’un nouveau Président, les Africains étaient déçus. J'espère que tous les présidents du pays sous-développés arrêtent d'abêtir leurs propres citoyens et qu'ils arrêtent de rendre l'Occident responsable de tous nos échecs et de tous nos maux. Si nos pays sont faibles, ce n'est pas parce que les Européens et les Français sont forts. La vraie raison est que nous sommes très faibles et moins honnêtes. Je ne crois pas à la théorie de la puissance et à l’existence d’une race supérieure. Supprimez le facteur de l'infériorité de notre vocabulaire, chers présidents des pays du Tiers-Monde et ensuite, nous pourrons devenir meilleurs que les Américains et aussi modernes que les Français. Je ne critique pas aveuglement les défenseurs de l’humanité, puisque depuis que je suis devenu un paria, je me bats pour récupérer mes droits. Je suis victime d'une mauvaise gestion du système politique et coupable d’avoir cru au mythe de la supériorité de l'homme blanc. Je ne suis pas contre les bénévoles et les militants des organismes et des associations parisiennes. Mais comme il s'agit de vies humaines, l'enjeu est très important. Durant l'année 2007, j'ai croisé un jeune étudiant africain à Paris. Il me demanda de parrainer un jeune Africain, sans savoir que j'étais un clandestin. Très consciencieux de l’état de mon continent, j'ai eu une petite discussion avec lui. Je lui expliquais que ce n'est pas une solution et que nous ne pouvons nous libérer de nos misères de cette façon. Il faut que l'Afrique arrête de dépendre de l'Europe et de la France. Parrainer et récolter des vêtements pour les enfants du Madagascar est loin d'être une solution. Le miracle nous ne viendra pas de la France. C'est nous les Africains les vrais détenteurs de la clef de notre survie et notre réussite. Demander à un Français de parrainer un petit africain, ne résoudra rien. Comme nos politiciens algériens qui sont convaincus que la rescousse viendra de l'Amérique. Une Amérique qui a détruit tout un pays et exterminé des millions de vies. Même les Européens, en adoptant nos petits Africains, n'aideront pas l'Afrique. Je remercie Madonna pour sa petite phrase : I am because we are. Mais je doute que la madone s'intéresse à notre misère. Les stars profitent de nos malheurs pour faire des films et des fêtes de charité. Non ! Je ne me transforme pas en un raciste, mais je suis réaliste. De plus, je ne supporte plus le besoin de la France de mettre la lumière sur nos misères. J'étais encore interpellé par l'affiche de la lutte contre le paludisme. L'affiche était claire, toute la carte géographique de l'Afrique était peinte en rouge. Ils insistent pour montrer que l'Afrique est le creuset de la misère et de la maladie. Comme si l'Europe était un havre de paix et de santé ! Pourquoi mettre une femme noire sur l’affiche de la lutte contre le sida ? Pourquoi évoquer l’Afrique à chaque occasion et à chaque événement. Les Français ne savent-ils plus vivre sans nous ? La moindre occasion devient une excuse aux Européens pour évoquer nos misères.

Les Européens aiment nous manipuler mentalement en poussant l’Africain à renoncer à croire qu'il peut améliorer sa situation tout seul. Si je suis en France, c'est parce que vous m'avez attiré avec vos beaux slogans et votre faux civisme. Je croyais que la France était le pays des droits de l'homme. Je découvre que la France est le pays des amis de la France. Si les Marocains sont privilégiés dans l’Hexagone, c'est parce qu'ils montrent patte blanche aux Pieds Noirs.

Sinon, Monsieur Sarkozy, je partage avec vous l'idée de l'immigration choisie. La première fois que je me suis rendu au consulat général de la France à Alger pour avoir mon visa, j'étais surpris de la longue file d'attente des Blédards. Je me disais : tout ce bas monde veut partir en France ? Aujourd'hui, je me promène dans Paris et je suis surpris devant le nombre important des immigrés. Ils sont tous là ! Toute la racaille du bas monde est en France. Tous Les Égyptiens sont en France, l'Égypte est apparemment vide. Certainement, ce n'est pas avec cette tranche d'immigrés que la France trouvera sa prestigieuse puissance d'autan. Je ne me sens pas en France, lorsque je me balade dans ces ghettos parisiens réservés aux étrangers. J'ai passé plus trois ans avec les immigrés de toutes les origines et croyez-moi, ils n'ont pas évolué. À l'exception de certains jeunes des cités, la plupart des immigrés n'ont pas changé. Au Bled, et en France, l'Arabe a gardé son côté rustre et hargneux. L’Africain se comporte en restant fidèle à son arriération. À Paris, l'Arabe et l’Africain se querellent toujours. Parfois, je me demande quel est l'objet de leur dispute ? Puisqu’ils ne possèdent rien. Tantôt l’Africain traite l'Arabe de sale Arabe et tantôt l'Arabe traite l’Africain de sale Nègre. Et l’un tente de dissuader l’autre qu’il est plus français que l’autre et se sent supérieur à l'autre. Comment voulez que l'Afrique se réveille avec des Africains qui ne communiquent plus ? Et comment pouvez-vous remplacer Napoléon et Jeanne d'Arc par ces nouveaux Français ? Le plus surprenant est que vous ayez compris que ses intrus ne sont pas à la hauteur de vos ambitions. L'échec de leur intégration est lié à leur esprit restreint. Compter sur eux, c’est comme compter sur ses régicides. Si j'étais à votre place, Monsieur Sarkozy, j'expulserais tous ces immigrés. Tous ces intrus adultes et mineurs que vous pouvez reconnaître par leur trait d'infériorité et qui n'arrivent pas à s'intégrer. Il est temps de nettoyer au karcher la France et de vider l'Île de France de ses misérables Arabes, Africains, Polonais, Portugais, Chinois et Roms. Monsieur Sarkozy, nous ne laisserons que certains jeunes étrangers, les intellectuels utiles à l'évolution de la France. Comme Nagui, Rachida Dati, Ali Baddou, Rachid Arhab et Harry Roselmack. Pas besoin d'avoir l'accord des socialistes et du Pape Benoît XVI. Vous avez mon consentement et celui de Jean-Marie Le Pen. Récemment sa fille Marine, invitée à l'émission les quatre Vérités, insistait à perpétuer les inepties de son père à propos des immigrés. Selon elle, il faut le faire le tri et séparer le bon grain de l’ivraie.

Mais entre nous Monsieur le Président, qui a le droit de juger ces êtres humains ? Pouvons-nous faire le tri au nom de la patrie ? La France, pays des droits de l'homme, se contredit et trahit ses principes moraux. J'ai vécu avec ces vieux immigrés, ces Blédards fraîchement régularisés et j'étais choqué par leur manque de civisme. Malgré tout le temps passé en France, ils n'ont pas évolué d'un cran. Mais pourquoi n'ont-ils pas changé ? Ces immigrés sont-ils les seuls coupables de la hausse de la violence, sincèrement, je ne suis pas le seul Algérien écœuré par certains immigrés. Ce Français à la face de métèque ne correspond en rien à l'image du Français moderne et civilisé. Même les jeunes immigrés des cités ne sont pas assez représentatifs de la supériorité blanche. Si nous les Blédards fraîchement débarqués à Paris nous refusons de vivre dans ces quartiers parisiens et dans la banlieue peuplée par ces intrus, comment pourront-ils être acceptés par les Français ? Avons-nous le droit de juger les immigrés ? Et sur quels critères pouvons-nous les sélectionner ? Sans oublier que la clandestinité est liée à l'immigration.

Telle est l'histoire qu'ils m'enseignaient lorsque je n'étais qu'un petit élève. Aujourd'hui Monsieur Sarkozy, je la vis autant qu'un clandestin happé par son obscurité. L'homme a évolué en tournant en rond, puisque le monde s'autodétruit à l'instar des civilisations passées. L'homme moderne n'a rien perdu de son instinct meurtrier et nous voilà l'un contre l'autre. Je suis le gibier et vous êtes le chasseur. Et en tant que Président de la Vème République, vous avez toujours réglé les problèmes à votre façon en sachant que les grandes puissances mondiales tirent les ficelles du chaos aux dépens des pays pauvres. L'histoire du «riche et du pauvre» se répète et dans cette histoire, je suis la cible mobile. Malgré votre énergie et votre enthousiasme, vous n'êtes pas différent des monarques d'hier. J'ai observé la rupture lorsque j'ai visité Sarcelles, Villiers-le-bel, Garges-lès-Gonesse et Pierrefitte-sur-Seine. J'étais très choqué par l’État délabré de ces communes. Je refuse de vivre dans ces zones mortes de l'Île de France. La modernité est inexistante dans la banlieue nord et Garges ressemble à un village algérien. Ces zones rurales truffées d'immigrés sont invivables. Vous avez placé les immigrés dans des réserves et puis, vous leurs demandez de s'intégrer. Un jeune Français d'origine africaine a très bien répondu à cette réponse :

– Si nous sommes nés ici, pourquoi nous demandent-ils de nous intégrer ?

Il a tout à fait raison. Pourquoi demandez-vous aux jeunes Français d'origines étrangères de s'intégrer ? Doivent-ils changer de teint ? Vous bâtissez le mur de Berlin et vous voulez qu'ils le démolissent. Je vous rassure, les jeunes Beurs nous ne ressemblent guère. Ils sont des Français à part entière. Je les ai surveillés et j'ai constaté, qu'ils sont différents de nous, les Blédards. Culturellement, ils sont trop francisés pour pouvoir vivre au Bled. Donc, arrêtez de menacer ces jeunes Beurs d’expulsion à chaque arrestation. Monsieur L partage votre vision des choses. Lui aussi soutient l'idée qu'il faut ramener ces petits voleurs noirs au Bled. Pourtant, Monsieur L travaille au noir parce qu'il a été mis à pied par son patron. Ne soyez pas étonné, Monsieur Sarkozy, d'apprendre que Monsieur L, le Français blanc a volé son patron. Comment un voleur peut-il condamner d'autres voleurs ? Je suis contre la violence et j'ai été agressé par des mineurs de la banlieue nord. Une banlieue délaissée et mis à part. Récemment, je venais de découvrir que la Seine-Saint-Denis était le département le plus pauvre de la France. Tout le monde est au courant de la situation dégradante de cette zone et personne ne veut réagir. Monsieur Sarkozy, quelle réaction attendrez-vous de ces jeunes banlieusards ? En sachant qu'ils sont mis à l'écart. Je venais découvrir aussi que ce département compte le taux le plus élevé du chômage. S'il n’y a pas de travail, il est normal, qu'ils se mettent à voler et à braquer. Quelle est la différence entre un pickpocket et Jérôme Kerviel ? L’un est traité comme un voyou et l’autre est considéré comme un génie fou. Et quel est leur point commun ? Leur amour pour gain facile. Quoi penser de Monsieur Bachir ? Un homme de 28 ans. Il a coupé le corps de Freddy Liot à cause de 300 euros, avant de le disperser dans l'Avre. Quel monde ?

Pourquoi exiler les petits délinquants au pays de leurs parents, alors qu’ils ne sont pas responsables de ce qu'ils sont. Vous savez en tant que fils d'immigré qu'ils ont assez de problèmes. Ils doivent supporter le fardeau d'être partagés entre deux cultures différentes. Vous mettez un doute dans leur identité, alors qu'ils étaient nés en France. Ils sont des Français. Sans oublier les policiers frustrés par leurs conditions de travail, qui s'en prennent aux jeunes de Villiers-le-bel. Les policiers sont-ils obligés d'arrêter chaque noir dans une belle BMW ? Si ces poulets étaient bien équipés, pourquoi n’ont-ils pas libéré Ingrid Betancourt ?

Monsieur Sarkozy, cessez de leur rappeler qu'ils sont les enfants d’immigrés. Ils le savent très bien. C'est inscrit dans leur mémoire et sur le béton gris de leurs cités taguées. Il faut que le gouvernement épargne les jeunes Français d'origine étrangère. Ne les mêlez pas aux conflits de leurs aînés. Je ne démens pas que la France a fait beaucoup pour les jeunes et pense beaucoup à eux, à l'opposé de certains gouvernements qui ne pensent qu'à privilégier les fils des généraux, des anciens combattants et des rois. Une immigration choisie est une politique raciale qui opprime les plus faibles. Les juifs ont-ils oublié qu'ils étaient exterminés parce qu'ils ne correspondaient pas aux critères de la soi-disant « race aryenne » ? J’aimerais que les présidents du Tiers-Monde soient conscients de la fuite des savants et des jeunes Africains. Si tous les jeunes Arabes sont en France, comment espèrent-ils moderniser l’Orient ? Les jeunes sont la vraie richesse. J'écris ce livre pour les jeunes du monde entier et en particulier pour le jeune Africain. En Algérie, j'ai laissé mon petit-neveu, qui me manque atrocement. Il est le seul être sur Terre cher à mon cœur. Ce petit chérubin possède une voix douce. L'unique voix qui peut apaiser mes maux et éclipser ma nostalgie. Et je refuse que mon petit-neveu soit la proie de votre immigration choisie et qu'il subisse ce que j'ai subi. Moi, le système m'a détruit. Je suis devenu un zombie. Je ne joue pas au héros, je veux juste protéger mon petit prince pour qu'il ne soit pas obligé de quitter son pays. Je refuse qu'ailleurs, des têtes brûlées le pointent du doigt et le traquent comme un lionceau.

Vous savez que le ministre de l'Intérieur ne pourra rien faire face au problème de l'immigration qu’il faut régler à la racine. Donc, il faut obliger les pays du Tiers-Monde à prendre leurs responsabilités, sans que vous vous immisciez dans leurs affaires intérieures.

Je ne supporte plus d'entendre ces Français de la droite qui se croient trop intelligents et qui nous demandent de rentrer chez nous, sous prétexte que nous avons pris notre indépendance. Sommes-nous vraiment libres ? La politique nous fait toujours peur. Grâce à l’Internet le monde a rétréci et l’information passe très vite. La plupart des hommes au pouvoir nous promettent le changement sans qu’ils changent pour autant. L’affaire du Président Moshé Katzav jugé pour viol, l’affaire du gouverneur de l’État de New York, Eliot Spitzer impliqué dans une affaire de prostitution, et l'affaire de Pierre Bédier Président UMP du conseil général des Yvelines, condamné pour corruption passive et recel d'abus de biens sociaux, expliquent clairement que les politiciens eux-mêmes ignorent que les temps ont changé. Et qu’ils sont filmés !

S’il n’y a plus d’attentats terroristes et de guerres en Afrique, les pays du Tiers-Monde se développeront et deviendront économiquement indépendants. Nous deviendrons des concurrents et une menace pour l'Europe. Seulement, ni l'Europe ni l'Amérique ne souhaitent notre indépendance. Malheureusement, les Africains profitent d'une semi-liberté.

Voulez-vous une preuve ? Lorsque les Algériens ont décidé de voter pour le parti islamique durant les élections locales de 1990, l'ancien régime a tout fait pour que le Front Islamique du Salut (FIS) n'arrive pas au trône, alors que les résultats à cette époque étaient favorables au FIS. La chute du parti islamique arrange qui ? Le peuple ? Non ! Puisqu’il a choisi un retour vers la loi du Très-Haut. Les généraux algériens n'ont pas respecté la volonté du peuple. À cause de la liberté que prennent les Européens et les Américains à gérer notre pays. Et le monde aujourd'hui me traite de terroriste. Tout simplement, parce que je suis un Algérien. Je ne défends pas les fondateurs du FIS et je ne défends pas la violence. Mais aujourd'hui, des innocents algériens meurent et crèvent pour protéger les intérêts des Européens et de l'Amérique. Parfois, j'ai l'impression de vivre un cauchemar. À Paris, j'ai remarqué un phénomène bizarre. Chaque fois que je disais que j'étais un Algérien, mes interlocuteurs français s'arrêtaient de parler et observaient un long silence. Je voulais tant décrypter le sens de leur silence. Au Cimade, j'ai lu ce regard hagard et cet étrange mutisme sur le visage de ce vieil homme.

En France, Algérien n'est pas le bon mot de passe. Parce que les portes se ferment tout de suite devant moi. Algérien ? Que signifie ce mot pour un Français ? Voulait-il dire un terroriste ? J'aurais aimé entrer dans la tête de chaque défenseur humanitaire et voir qu'elle idée il se faisait de mes origines algériennes. Comment vous me voyez ? Non Monsieur Sarkozy ! Je regrette. Ni le Français, ni aucun homme n’a le droit de me traiter de terroriste. L'Europe moderne a t-elle oublié ses pédophiles, ses proxénètes, ses bandits, ses mafias et son histoire coloniale ? Qui leur donne le droit de me cataloguer. Non, je ne suis pas impoli envers la France à qui j'ai donné ma jeunesse. Mais il faut vous mettre dans ma situation, lorsqu'ils les autres vous lapident d'injures. Le plus beaux est d'entendre les Marocains et des Tunisiens nous traiter de terroristes. J’en avais marre de répondre à longueur d'année à ces abrutis qui me traitent de violeur. Des Marocains et des Tunisiens qui aiment retourner le poignard dans la plaie ! Mais ils se trompent de cible. Ce n'est pas les autres qui décident de ce que je suis ! Seul, je décide. Étant un Algérien, je me moque des inepties de ces minables Français, Africains, Tunisiens et Marocains. Je refusais de répondre à des absurdités et je refuse toujours. Comme celles des immigrés qui nous menaçaient de nous dénoncer aux policiers, seulement parce qu'ils étaient en situation régulière. Aujourd'hui, je ne supporte plus cette situation. L'homme a une courte mémoire et certains immigrés oublient qu'ils étaient aussi des sans-papiers. Sans le vouloir, je me trouve la cible de tous. Si la France se permet de choisir la tête de ses nouveaux citoyens, j'ai aussi le droit de choisir pour moi le meilleur. Je n’ai rien d'un bandit, je suis un artiste auquel il ne reste qu'un ultime choix. Je courais le plus loin possible avec la harde des clandestins qui vous fuyez, Monsieur. Le 12 mars 2008, je suis tombé sur un article paru dans le journal Matin Plus, sous le titre « Sarkozy défend l'immigration maîtrisée et désire réprimer ceux qui emploient des clandestins. » Vous étiez à Toulon avec Monsieur Hortefeux, alors que j’étais coincé à Paris. Que me veulent-ils ? Me demandais-je. Et pourquoi me courent-ils après ? À Toulon vous avez exprimé votre volonté de récompenser les meilleurs et de combattre les mauvais. Hélas, je fais partie de ces marginaux. Ce jour-là, j'ai décidé d'arrêter de fuir et de rebrousser mon chemin. Si vous me cherchez, autant que je vienne à vous. Je sais que jamais un gibier ne court dans la direction du chasseur. Et pourtant, j'ai choisi de me retourner et de marcher à l'opposé des fuyards. Je sais que tous les raccourcis mènent à Élysée Où me cacher ? Et où aller, alors que vous avez signé un pacte avec les vingt-sept pays et que votre pouvoir s'étend sur toute l'Europe ? Le seul lieu où je serais en sûreté serait de venir me cacher chez vous.

Si je savais que les Français galéraient de cette façon, si je savais auparavant que le citoyen se battait ainsi pour gagner son pain, jamais je n'auraiq osé venir le déranger. N'oubliez jamais, Monsieur Sarkozy, que je suis un Algérien et que j'appartiens malgré moi à un peuple respectueux envers les autres. Malgré les mauvaises langues, je connais mes limites. Vous vous demandez, Monsieur, d'où je sors ? Sûrement pas de votre côte gauche. Je sors, Monsieur, de votre ombre. Vous êtes le roi et je suis le clandestin, vous êtes le prédateur et je suis la proie, vous êtes le pouvoir et je suis la foi, vous êtes la cime et je suis l'abysse. Autant vous n'avez pas planifié ma rencontre, autant je n'ai jamais envisagé vous rencontrer. Je ne sais pas qui s'est mis en travers du chemin de l'autre. Sûrement pas moi, puisque j'ai envisagé de venir en France avant même que vous soyez le ministre de l’Intérieur. Je crois que notre rencontre est un événement inévitable, elle a été planifiéé par une volonté suprême. Et autant vous tenez à aller jusqu'au bout, autant je refuse de renoncer à mes projets.

Malgré la différence et la menace qui pèsent sur moi, j'ai choisi de venir vers vous. Pourquoi ? Parce que je partage votre vision des choses et non votre façon de régler les problèmes. J'ignorais qu'une telle situation inhumaine existait en France. Je savais que certains de mes voisins vivaient en situation irrégulière en France. Mais je n'imaginais pas que la vie d'un sans-papiers ressemblait à l'enfer que nous vivions. Votre ambition Monsieur Sarkozy vous pousse à agir seul et vous pousse à oublier que j'existe. Dans cette histoire, j'ai hérité le mauvais rôle. Je suis celui qui doit encore subir. Vous défendez l'immigration positive et je suis tout à fait d'accord. J'étais écœuré par le manque du civisme de la plupart des immigrés. Et je me demandais comment ces gens ont-ils réussi à entrer en Europe et être régularisés ? Certains d'eux se disent Français et pourtant, ils parlent mal le français. À cause de la France et par amour de la perfection, j'ai renié mon défunt père. Car à mes yeux, il était un homme faible et impuissant. À cause de ses défauts, je l'ai expulsé de mes pensées. Et aujourd'hui, je refuse de refaire la même erreur. J'ai vécu avec les Arabes et les Africains à Paris, et j'étais toujours choqué par leur comportement hautain et violent. Je sais qu’à l’avenir, je refuse de vivre à Aubervilliers, à la Courneuve ou à Asnières-Gennevilliers. Je ne me sens pas mieux que les immigrés ; je refuse juste de vivre le même cauchemar qu'hier. Je sais que parmi ces habitants, il y a des gens bien. Mais personnellement, je n'ai plus la force d'être confronté à nouveau à la même mentalité restreinte. J'ai habité à Saint-Denis et à Pierrefitte-sur-Seine et j’étais à nouveau confronté à la mauvaise foi des Algériens et des Africains. Je ne veux pas vexer Monsieur Poux en lui avouant que je refuse de vivre et de travailler à la Courneuve. D’ailleurs, l'affiche «360 milliards pour les banques, rien pour la Courneuve » collée sur les stations de bus ne m'encourageait pas à vouloir habiter dans son département. J’ai aussi aimé la couleur rouge de votre dernière affiche, la Courneuve porte plainte. De plus, de la pauvreté des cités et de ces lieux qui ne m’encourage pas à changer d'avis. J'ai eu des problèmes avec les habitants des cités d'origine africaine et arabe. Je ne suis pas un raciste, mais je refuse de répondre aux agressions. Certains diront qu’il faut les éviter. Au Bled, j'évitais les bagarres et le regard des soi-disant caïds de mon quartier. Mais eux, ils ne m'évitaient pas. Ils me disaient : « Qu'est-ce que t'as ? Pourquoi tu ne nous parles pas ? Tu te sens meilleur que nous ? »

Même si la vie est chère à Paris, je préfère habiter à côté de la Seine. Je ne préfère pas les Parisiens aux immigrés. Mais tout simplement mes voisins les Parisiens voyagent toujours et je ne les vois jamais. L’important est qu’eux, ils ne me voient pas. À leurs yeux, je ne suis qu’un Arabe, une créature invisible. Et tant mieux, si je peux vivre loin des regards. Les immigrés ne voyagent qu'une fois dans l'année et j’étais obligé de les croiser chaque fois. Je ne veux pas exagérer et noircir l’image de la banlieue. Mais chaque fois que j’habitais avec les immigrés, j’étais agressé. Parfois, je devais même intervenir lorsque les Arabes et les Africains se bagarraient. En général, les bagarres se déclenchaient entre les vieux, les récents immigrés et les bandes.

Je comprends l'intérêt de la politique du tri, mais en même temps nous ne pouvons pas exclure les autres, sous prétexte qu'ils ne répondent pas aux critères. Au lieu d'imposer la politique du tri, il faut donner aux immigrés le temps de changer. Pour qu'ils s'intègrent, il faut améliorer la situation de la banlieue. Je refuse d'habiter à Barbès, non pas parce qu'il y a les Algériens et les Africains, mais parce que ce quartier, c'est un quartier mort. Monsieur Sarkozy, il fait remédier immédiatement à changer le visage de Paris et du département 93. Le nouveau slogan de la Stif d'Île-de-France «on accélère le changement», exprime mes pensées. Je soutiens votre projet pour le grand Paris. Vous devez avouer que la capitale est une vieille ville moderne. Monsieur Michel Rocard disait que la France devait savoir en prendre fidèlement sa part, face à la misère du monde, puisque jamais la France n'a tenu ses anciens engagements envers l'Afrique. Et aujourd'hui, je vous observe à travers vos déplacements vers les pays africains et méditerranéens. La France a encore besoin des richesses de l'Afrique. Alors pourquoi prétendre que nous sommes des pauvres ? La seule façon de se débarrasser des immigrés et des clandestins, c'est d'aider l'Afrique à se développer. J’aimerais vraiment savoir comment Marine Le Pen envisage-t-elle de se débarrasser des milliers d'immigrés ? En les invitant gentiment à quitter le territoire français. Même vos expulsions massives Monsieur Sarkozy semblent inefficaces aux gargouillements des ventres vides. Leur nombre ne diminue pas, il augmente. Je vois toujours de nouveaux clandestins à Paris. À part, si Madame Marine envisage d'empoisonner les immigrés ou de leurs déclarer la guerre. Le dernier film B13 de Luc Besson donne un avant goût de ce nous réserve l'avenir. Le sang coulera à nouveau. L'idée de construire un mur pour retenir les immigrés et aussi une idée folle. Et créer de nouvelles prisons pour les nouveaux délinquants ne réglera rien. Créer de nouveaux hôpitaux ne réglera rien. Il faut comprendre les jeunes et la délinquance juvénile. Cet avril 2007, je me suis rendu au Leader Price. En faisant mes petites courses, j'entends des cris et des femmes qui couraient dans toutes les directions. Personne ne comprenait ce qui se passait à l’intérieur du supermarché. Jusqu'à ce que nous comprenions qu'il était attaqué par des jeunes hommes cagoulés et armés. Ils voulaient braquer et vider les caisses. Le plus surprenant est que le Leader Price était situé à une centaine de mètres du commissariat de la Courneuve. Une des caissières expliquait que les braqueurs étaient des jeunes du quartier. En Algérie, notre quartier était aussi une scène de bagarre et de braquage. Faut-il mieux armer les policiers ? Faut-il humaniser la prison ? Où comme l'avait proposé Philippe Meirieu, il faut ré-humaniser l'école ? Les policiers à l'intérieur d'un établissement scolaire prouvent l'échec de l'école.

Si les jeunes tueurs ciblent les écoles en Amérique et en Europe, c'est parce que la politique du tri commence depuis l'école. Entre les murs, l'enfant se positionne par rapport aux autres élèves. Avant, j’ignorais l’existence du lien qui naissait entre l'élève et le professeur. Ce lien peut-être de l'amour, du respect de la fascination ou de la haine. Parce que l'école est le premier cercle qui nous accueille, nous forme et nous apprend à devenir des meilleurs élèves. À l'école, nous découvrons de nouveaux visages et nous découvrons le monde de la compétition et de l'évolution. L'instant de la distribution des notes est un moment très fort et chacun attend la sienne pour la comparer à celles de son camarade de classe. À l'école nous apprenons le sens de l'échec et le sentiment d'être exclu par les autres. Le bon élève est récompensé et le faible est blâmé et réprimé. Le professeur est tellement harcelé par ses hauts supérieurs, qu'il est obligé d'exclure les mauvais. À court de temps, il est obligé de travailler avec les bons élèves et d'éviter les bègues. Les nuls, les retardataires, les tarés et les cancres préfèrent tous s'asseoir au dernier rang. Un choix qui permet au professeur de les placer à sa guise. Déjà, la fracture sociale commence de l'école sans que nous le sachions. Normal que les adolescents se vengent du corps scolaire qui les a exclus. Je suis contre la politique du tri hiérarchique. Monsieur Xavier Darcos désire distribuer des médailles d'or aux meilleurs étudiants. Quel drôle d'idée ! Et que va-t-il offrir aux perdants ? Un cercueil. Pour encourager les jeunes à travailler, il faut juste leur garantir un bon avenir et améliorer les conditions d'enseignement. Il faut valoriser le rôle du professeur et améliorer la situation sociale des parents. En réalité, il n’y a pas de bons ni de mauvais. L'élève aux notes très faibles, nous devons l'accepter et arrêter de le réprimander. Il a eu zéro en maths ? Ce n'est pas la fin du monde. Le chiffre rond sur un chèque est toujours bien vu et pourquoi pas sur une feuille de devoir. Je n'encourage pas les enfants à ne pas travailler et je n'encourage pas l'impunité. Tout simplement, je suis contre la politique du tri, pour garder le bon et renvoyer le mauvais. Pourquoi devons-nous culpabiliser les faibles ? Et pourquoi me culpabilisent-ils ? Monsieur Sarkozy, vous devriez réprimer mes soi-disant patrons. Ces bourreaux qui exploitent les clandestins. Ce que j'ai vécu en France, j'ai l'impression de l'avoir inventé. À tel point que je n'arrive pas à croire qu'au pays des droits de l'homme, des hommes se fassent exploiter. Réprimer mes soi-disant patrons, est-ce la vraie solution ? Déjà, c'est une solution impossible, puisque le nombre des effectifs des inspecteurs du travail et des agents de l'ordre est faible par rapport au nombre des sociétés privées et publiques. Il est impossible de contrôler tous les lieux de travail. D'un autre côté, mes bourreaux imitent les grands patrons des sociétés françaises. Comment pouvons-nous faire la morale à mes soi-disant patrons qui emploient des clandestins alors que des Français en situation régulière se font licencier ? Comment le système peut-il me protéger s'il ne peut protéger le Français ? Si les riches abusent des pauvres Français, forcément, ça donne une idée aux autres d'exploiter les clandestins.

Monsieur Sarkozy, nous vivons dans un univers basé sur l’équilibre. L'univers est composé de plusieurs chaînons liés les uns aux autres. Si vous voulez libérer l'Europe du clondo, il faut libérer l'Afrique du collabo. Si vous voulez humaniser la prison, l’école et la banlieue, vous devez humaniser toute la société française. Comment voulez-vous que je respecte les règles et l’ordre en France, si des Français me demandent de voler et m’apprennent comment transgresser les règles ? Le Français qui se suicide, il n'a rien à se reprocher. Parce que la faille est dans le système politique et économique. Le seul défaut du français est qu'il n’invente rien de nouveau. Il subit et perpétue la cérémonie de la distribution des trophées. Faut-il réprimander le banquier ou le capitalisme ? Dans l’absence d’un procès équitable, ses voisins pauvres se lassent de le voir garder pour lui la part du lion.

Sincèrement, Monsieur Sarkozy, je n'ai pas aimé votre façon de parler aux Français. Il faut travailler plus pour gagner plus. C’est de l’esclavage ! Depuis des siècles, le peuple français n'a cessé de travailler au nom de la France. Dominé et manipulé par ses souverains, le peuple Français était toujours présent. Il a toujours suivi ses anciens leaders jusqu’à des terres inconnues. Ils lui ont fait croire que sa prospérité et sa fortune étaient dans le nouveau continent. Charles X roi de France n’a-t-il pas envoyé le peuple français afin de coloniser l’Algérie ? Selon lui, les Français devaient juste se battre contre une poignée de Bédouins sauvages pour octroyer leur trésor et leur or. Depuis que le Français existe, il n'a cessé de se battre pour et contre la France. C’est quoi la France ? Un idéal. Et que reste-t-il du grand concurrent et explorateur : rien ? Rien que l’écho d’un homme frustré et épuisé. Je me demande à quoi lui ont servi tous ses conquêtes et ses années de pillages ? Fidèle à ses ancêtres, il voyage toujours et court toujours. Que cherche-t-il ? À égaler les Japonais et les Américains. Où fuit-il quelque chose ? Les rouages de son système peut-être ? Ou l’immoralité du capitalisme ? Je sais juste que Paris est une ville fantôme et les Parisiens habillés en noir ressemblent à des ombres. Je les vois sortir des métros, le soir. Ils reviennent de leur lieu de travail essorés, ébouriffés et épuisés. Vous avez l’impression qu’ils sortent du clip Thriller de Monsieur Michael Jackson. 

Je suis d'accord avec vous pour la suppression de la publicité sur les chaînes publiques dd télévisions. Car c'est à cause de la publicité que je suis en France. À cause de la fausse publicité nous croyons que le Français vit au paradis et que tout est robotisé. Alors que rares sont les patrons qui respectent les normes européennes. Je croyais que Paris était aussi belle que dans les photos des revues de mode, alors que l'image ne correspond pas à la réalité, puisque l'image est soignée et retouchée. Vous avez mieux fait de supprimer la publicité des chaînes de télévisions française : la 2, la 3 et la 5, qui trouvaient dans les sponsors une aisance à trouver de l'argent. S'ils ont des fonds, de quoi se préoccupent-elles ? Et pourquoi se fatiguent-elles ? Le défaut de ces chaînes est qu'elles ne créent plus. Nous sommes obligés de voir les mêmes émissions et les mêmes séries rediffusées. Pour attirer de nouveaux téléspectateurs, elles devront renouveler le mode d'emploi et changer les programmes. Si le capitalisme et ses fonds a créé la crise, je doute que le manque de sous tue la créativité chez les Français. J’aimerais tant que Jean-Luc Delarue arrête son émission Toute une histoire. Je conseille à Monsieur Laurent Ruquier et à ses deux comiques Éric Naulleau et Eric Zemmour de disparaître. La télévision française a besoin d’aération et de nouvelles émissions. Pour créer, il faut donner la chance aux jeunes. Je remarque que les jeunes Français sont aussi exclus de leur propre histoire.

Vous ne voulez plus voir de clandestins en France ? Alors faites un peu d'effort. Pour que le changement s'accomplisse, il faut que le Français et l’étranger tentent de changer. Les politiciens français s'adressent à nous les Africains, comme s’ils parlaient à nos parents. Peut-être la France a-t-elle changé ? Et le monde autour d'elle est resté chaotique.

Pour les Français, chaque vie est un roman à lire. Je ne comprends pas comment, ils ne se lassent pas de lire des bouquins. Les histoires se ressemblent dans leur malheur et leur noirceur. Pourtant, les Français veulent toujours entendre des nouveaux témoignages terrifiants. Sont-ils devenus accros à la tragédie ? Je venais de suivre une autre émission sur la vie de Serge Ferraton. Nous ne pouvons pas prétendre être choqués et scandalisés au vingt et unième siècle.

J'aurais aimé être un de ces analphabètes qui ne s’inquiètent jamais de l’avenir. Ils passent leur temps à procréer, sans se soucier de leur avenir et de celui de leurs enfants. Parce qu'ils ne savent pas lire, ils sont moins informés. Sont-ils inquiets par les conséquences du réchauffement climatique ? Non, le souvenir du trou d’ozone est derrière eux. Les Français sont au courant des dangers qui menacent l’avenir de la Terre. Ça ne les empêche pas de procréer. D’ailleurs, je n’ai rien gagné en lisant. Aujourd’hui, les journalistes ne nous annoncent que de mauvaises nouvelles. Comment pourrais-je avoir des enfants dans un monde pareil ? La fin est très proche.

Comment pouvons-nous régler le problème de l’immigration clandestine ? Le problème du flux migratoire ressemble au problème de l’émission du CO² dans l’atmosphère. Le nouveau slogan défend l’idée que nous ne pouvons pas supprimer le CO², juste le réduire. Donc, nous pouvons juste réduire le flux migratoire. Comment contrôler ce fléau ? Qui pousse un homme ou une femme à quitter son pays d’origine ? Qui motive l’immigré ? La plupart des étrangers viennent en France pour trouver du travail. Après trois ans d’observation, j’ai compris que le seul intérêt qui lie les sans-papiers aux immigrés est leur besoin de gagner de l’argent. De l’argent gagné d’une façon honnête ou malhonnête, l’essentiel pour les étrangers c’est d’amasser le plus possible d’oseille. Où va cet argent ? Une grande partie du butin est destinée au Bled. À cause des impôts, les immigrés préfèrent acheter de sérails et investir au Bled. En France, ils aiment dépendre de la générosité de la caisse sociale de l’État et des Restos du Cœur. Pour dépenser moins, les immigrés font leurs achats chez Tati et chez Lidl. Lidl ! J’ai honte de faire mes courses dans ces petits magasins. Depuis trois ans, ils vendent les mêmes produits exposés sur des caisses de carton, afin de réduire les dépenses. Les magasins Tati, Lidl, Franprix et Leader Price ne sont pas de grands supermarchés dignes de la réputation de la France. Ces magasins sont sales et mal entretenus. Hélas ! Les immigrés contrairement aux Français ne cherchent pas la qualité. En France, les pauvres ne sont pas tout à fait pauvres et les riches ne sont pas tout à fait riches.

Il est clair, Monsieur Sarkozy, que votre politique pour combattre l’immigration clandestine est inefficace. De nous deux, je suis le clandestin. Et j’ai vu arriver de nouveaux clandestins durant ces trois ans. Le marché des clandestins fonctionne comme le trafic de drogue. Les passeurs parviennent toujours à trouver de solutions de rechange. Vos avez un cerveau et eux aussi ! Vous êtes ambitieux et eux aussi ! Vous avez des intérêts à défendre et eux un projet lucratif. Vous ne pourrez pas contrôler les passeurs. Mais vous pouvez contrôler les clandestins.

Une solution venue d’un Arabe sera mal perçue par les Français, puisque la France n’a pas de leçon à recevoir. C’est quoi, la France ? La France est un mythe. Parlons plutôt Monsieur de ceux qui font vivre le mythe. Les Français ! Au moins, eux ils existent. Les Français politiciens, journalistes, banquiers et citoyens qui animent ce pays sont des êtres humains. Des pauvres mortels capables de commettre des erreurs. Ils ont commis d’énormes bourdes durant ces dernières années et vous aussi ! Si je suis en situation irrégulière en France, c’est aussi la faute des Français.

Qu’est ce que je suggère comme solution provisoire au problème des clandestins ? Je propose d’offrir une nouvelle carte de court séjour à chaque homme en situation irrégulière. Un court séjour de trois ans ou de cinq ans, renouvelables. Cette nouvelle carte de séjour dépendra du droit au travail. Parce qu’aucun étranger n’a envie de s’installer éternellement en France ou en Europe. Les immigrés sont obligés de se marier en France parce que c’est l’unique moyen de régulariser leur situation. Le mariage mixte n’est pas un choix volontaire, c’est une nécessité et l’unique issue. Je ne veux pas interdire le mariage entre les Français et les étrangers. Mais le réduire. Le mariage participe à l’explosion démographique en France, puisque chaque citoyen(ne) français(e) va ramener un(e) étranger(ère) avec lui(elle). Sans oublier les problèmes qui résultent du mariage mixte. À la fin, les couples divorcent en évoquant les mêmes excuses déjà connues. Si le mariage mixte est une réussite pour les parents, les enfants se trouveront confrontés à une société qui a du mal à les accepter et seront partagés entre deux cultures et deux mondes différents.

La nouvelle carte de séjour temporaire évitera aux clandestins de se cacher des policiers et de travailler au noir. Les policiers, au lieu de perdre leur temps à faire des contrôles de papiers, se préoccuperont de problèmes graves. La validité de la carte de séjour dépend d’un emploi, qu’il soit de longue ou de courte durée. Les clandestins seront obligés d’aller vers un travail déclaré et fuir le travail au noir. S’il n’y a pas de clandestins qui veulent travailler au noir, les grands et les petits patrons seront obligés d’employer des employés légaux et de les déclarer.

Vous savez très bien, Monsieur Sarkozy, qu’il est impossible de contrôler toutes les sociétés. Mes soi-disant patrons n’étaient jamais inquiets. En refusant de déclarer leurs employés, énormément d’argent liquide circule hors de la caisse de l’État. Il n’y a pas de justice puisque se sont les autres honnêtes citoyens qui devront payer à la place des absents. En France, certains s’enrichissent plus vite que d’autres. Comment Monsieur Sarkozy, voulez-vous que je m‘intègre à votre société en voyant les tricheurs et les fraudeurs s’enrichir ? Au pays de l’égalité, il n’y a pas d’égalité. Je pense à l’éboueur Serge qui balaie avec son cœur le sol de Paris. Qu’a-t-il gagné ? Rien.

La nouvelle carte de séjour ou de l’emploi offre des droits civiques à chaque clandestin qui la détient. Chacun aura le droit de louer un logement et non de l’acheter. Il aura droit au travail selon les offres d’emploi et de circuler à travers tout l’espace Schengen. L’accès libre à travers tous les pays de l’Union Européenne évitera la concentration des clandestins régularisés dans un seul pays.

L’Europe a besoin de mains-d’œuvre. Monsieur Hortefeux disait que « le travail au noir pénalise les immigrés légaux. Et moi, je suis le ministre des immigrés légaux». Contrairement à son discours, les immigrés légaux choisissent de travailler au noir. Les clandestins généralement font un travail que personne ne veut faire. Ce sont les impôts qui pénalisent les immigrés, les Français et la France, puisque les célébrités du cinéma, de la musique et du sport préfèrent s’exiler. Et les conséquences de leur exil se reflète sur la réputation de la France dans le classement mondial. Faites un geste et baissez les impôts ! La nouvelle carte de séjour permet à son détenteur d’être partiellement un citoyen français. Il peut accéder aux soins médicaux et profiter des aides sociales, sans pour autant avoir le droit de voter. D’ailleurs, j’étais surpris de voir les immigrés boycotter les votes. Il peut ouvrir un compte bancaire actif. Une somme d’argent sera une garantie pour l’État de la bienveillance de chaque individu. Comme la nouvelle carte de séjour n’oblige pas un clandestin régularisé à se marier et à s’installer en France. Il sera donc obligé et facile à lui de faire sa vie et de créer des projets de son pays d’origine. C’est aussi une solution au regroupement familial qui lui aussi participe d’une façon anormal au boom démographique : chaque étranger fait venir sa famille en France. À l’avenir la France populairement ressemblera à l’Inde. Un détenteur de la nouvelle carte de séjour ne peut ramener son conjoint afin de s’installer définitivement. Certaines femmes étrangères tombes enceintes juste pour venir accoucher en France. Dorénavant, chaque enfant né sur le sol français ne sera pas considéré comme un citoyen français. Cette nouvelle carte est destinée spécialement aux nouveaux immigrés en situation irrégulière qui seront régularisés.

En France, ce n’est pas la discrimination et la stigmatisation qui dérangent les étrangers, puisque les immigrés connaissent la discrimination en Afrique et en Orient. Je suis toujours surpris de voir un Africain et un Arabe s’exprimer aisément à Paris. Ce n’est pas normal ! Trouve l’un. C’est injuste ! Remarque l’autre, alors que les deux frères de galère sont habitués à la discrimination, à l’indifférence, à la corruption, à la bureaucratie et à la gueule de bois. L’Arabe et l’Africain qui supportent tous les injustices en Afrique se manifestent en France. Libérés ! Ils trouvent la parole. Libérés et soutenus par les partis de gauche, ils se révoltent. À la Courneuve, j’étais interpellé par l’affiche « discrimination ça suffit tous au parc c’est la fête». Pourquoi les socialistes évoquent-ils la discrimination à chaque fois ? La discrimination sous toutes ses formes touchent-elles tous les immigrés ? Non, puisqu’une grande partie des immigrés vivent mieux que les Français. Les Africains sont toujours biens habillés et roulent dans des belles voitures. Alors pourquoi se plaindre ? La discrimination est partout. Les immigrés sont-ils manipulés par les politiciens de la gauche ? Où acceptent-ils d’être manipulés, de jouer le jeu et de se victimiser ?

Pourquoi les clandestins fuient-ils l’Afrique ? Ils fuient les conflits, les guerres, les génocides, la famine et la discrimination. Je ne prétends pas qu’il faut cesser de se battre, d’accepter les injustices et de céder sa place au front national, puisque le nationalisme chez les Le Pen est une affaire de famille. Je suggère juste de renouveler les discours politiques. La droite doit cesser de miser sur l’insécurité et la gauche d’éviter d’instrumentaliser le mot discrimination comme un moyen afin d’attirer de nouvelles voix. Les enfants immigrés nés en France sont concernés par la discrimination plus que nous. Je ne suis pas sensible au racisme, puisque j’étais habitué à être exclu de la société algérienne. La présence des Algériens en France explique leur mauvaise situation au Bled.

Je ne défends pas les Français, je défends une logique. Même si notre présence sur Terre ne répond pas à un raisonnement logique. Les politiciens, les journalistes et les rappeurs français contribuent à maintenir ce climat chaotique. Rien n’a changé depuis la sortie de la chanson Petit frère d’IAM en 97 à propos du rôle des médias à envenimer l’image des jeunes des banlieues parisiennes. La chanson Paris a le blues de Mad In Paris sortie en 96 dépeint ce que je vois aujourd’hui.

Ses vieux murs sont abattus, plein de gens dorment dans les rues. Et les faux-culs dans le surplus. Il y a pourtant des centaines de refuges pour les sans-abri. On se demande ce que fait la mairie de Paris. Ah oui ! Des commissariats, il y en a aujourd'hui !

 

Tranquille je me baladais dans la ville capitale

De Barbès aux Abbesses, des Champs-Élysées aux Halles

Y a des clodos sur les trottoirs et des soûlards dans les bistrots

Des surveillants dans le métro qui jouent les Rambos

J'ai toujours un œil dans mon dos car je fais gaffe aux fafs

Je fais surtout attention aux keufs car ils font mal leur taf

 

Rien n’a changé depuis la sortie du film la Haine de Mathieu Kassovitz, en1995. J’étais étonné d’entendre dans un cybercafé un jeune immigré d’origine polonaise parler à ses amis de ses problèmes avec la justice française en évoquant le film. La haine ! Les jeunes des cités ont la haine et la rage. Pourquoi ? Les étrangers attendent que les Français changent de regard envers eux. Sans se demander si nous avons changé notre regard envers eux. Les Africains n’ont pas pardonné à la France coloniale. Même après l’indépendance de l’Afrique, les Africains restent rancuniers. Nous savons ce que veulent les Français et Le Pen. Mais que veulent les Africains ? Ils veulent tous devenir des Français. Ils veulent inverser le processus colonial. Est-ce logique ? Pouvons-nous verser le contenu d’un continent dans un petit pays ? Déjà, nous sommes à l’étroit. Mais pourquoi la prochaine coupe du monde du football va se dérouler en Afrique du Sud ? Un Blanc n’hésite pas à dire qu’il est un Nigérien. Pourquoi un Noir hésiterait-il à dire qu’il est un Français ? Les Français aiment contrôler le courant de l’histoire et parfois, ils stagnent. Depuis l’époque de François Mitterrand rien n’a changé.

Que faut-il changer ? Il faut laisser de côté les mots français usés. Inventer un nouveau discours pour les politiciens, un nouvel article pour les journalistes et que les rappeurs changent de parolier. Je suis fan du rapp français et j’écoute les chansons du talentueux Youssoupha, ma destinée, le monde est à vendre et l’effet papillon. Youssoupha parle de mon histoire presque dans chaque de ses couplets. Oui ! C’est moi le clandestin dans l’histoire. Et autant qu’algérien, je suis lié à l’histoire coloniale. Mais dois-je me comporter uniquement en victime, si les Français n’écoutent pas le rapp français, c’est parce tous les rappeurs chantent le même chant anti-flic, anti-France et anti-français. Il ne faut pas rêver et s’attendre à un miracle. Le Français ne nous aimera pas. Il ne peut aimer l’Algérien, le Tunisien, le Marocain, le Malien, le Sénégalais, le Camerounais, l’Ivoirien, le Comorien, le Chilien, le Polonais, le Portugais, l’Italien, le Turc et le Congolais.

Comme les Arabes n’aimeront pas tous les Africains et les Africains n’aimeront pas tous les Arabes si le Français a mis l’Arabe et l’Africain ensemble. C’est aussi pour qu’ils cohabitent, qu’ils se découvrent et se connaissent. Je refusais d’habiter à la banlieue nord à cause des bagarres entre l’Arabe et l’Africain. Le banlieusard doit inventer un nouvel argot de rue et qu’il arrête de se prendre pour la victime du système. Toute victime a tendance à cesser de penser, de réagir et de voir. Tous les Parisiens n’habitent pas des châteaux et il y a aussi des balayeurs parisiens blancs.

Le rapp français souffre d’un suicide mental. Au lieu d’anticiper et de créer, les rappeurs français parlent tous de leur spleen, de leur misère et de leur jérémiade. Nous sommes tous les enfants de la misère. Même Monsieur L achète ses vêtements à la brocante.

Faites écouter le rapp français au français. Parlez-lui des enfants de la diversité, de la proximité et de l’amour. Ils sont les enfants du respect en plus d’être ceux de la laïcité. Parlez-lui du jeune Black, du jeune Beur, du jeune Chinois et du jeune Indien qui parlent très bien le Français. Parce que la France qui prend, donne aussi. La France qui m’a ruiné et pillé, m’a permis de m’exprimer librement. Les étrangers s’expriment librement parce que les Français leurs ont donné les moyens de le faire, alors qu’en Afrique, il est interdit de critiquer la politique de nos dirigeants. Tous les Africains veulent devenir des Français, parce qu’ils ne voient pas d’avenir en Afrique. Ils n’arrivent pas à changer et demandent aux Français de changer. Sache Youssoupha, que nous serions toujours considérés comme des étrangers en France. Et nous l’étions et nous le serons chez nous en Afrique. Algérien, je me sentais étranger à mon pays.

Les Parisiens refusent-ils de changer ? Mais ou sont-ils ces Parisiens ? Ils n’ont pas vu la crasse, la puanteur et la moisissure sur les murs gris de Paris. Paris aujourd’hui est une ville épave. Faut-il faire un procès aux parisiens ? Ou un procès à Jaques Chirac ? L’ex-Président n’a rien fait. Ce qui dérange énormément, c’est de revenir toujours au même sujet, les immigrés. Année après année, les étrangers sont critiqués et montrés du doigt. Le jeune immigré est inlassablement harcelé par les politiciens et les médias. À peine trois ans en France et je commence à m’ennuyer. Ce harcèlement moral explique que les Français n’accepteront jamais les étrangers. Les Français sont-ils des racistes ? Je ne crois pas. Il faut juste s’arrêter à l’avenue Jean Jaurès, Pantin pour comprendre l’écart qui sépare les étrangers et les Français. Et la venue des nouveaux Égyptiens et des gitans n’arrange en rien la situation déjà dégradante. Je crois que la manifestation de Mai 68 n’est pas finie, puisque à Ménilmontant, ils placent du pavé tout neuf. Je ne veux surtout pas rater la prochaine manifestation.

Il ne faut pas confondre le cas d’un Beur avec mon cas. Si je refuse de vivre avec le Polonais, le Sénégalais, le Tunisien, le Turc, le Chinois et l’Antillais, ça ne fait pas de moi un raciste. Mais parce que je ne suis pas encore prêt à cohabiter avec d’autres étrangers. Je n’étais pas habitué à voir autant de teints différents. Si je voulais habiter avec des indiens, je n’irai pas aller vivre à la Courneuve. Je préfèrerais aller à Calcutta.

Avec tout ce qui a été dit ou écrit sur la situation des clandestins, je crois Monsieur Sarkozy que vous êtes loin d’imaginer l’enfer que je vis. Avec cette nouvelle carte de séjour, vous aller permettre à des femmes et des hommes qui n’ont pas vu leur famille depuis des années. Vous allez libérer des hommes et des femmes de l’angoisse permanente et de les éviter d’êtres exploités par des d’autres hommes et femmes.

Partait-il, Monsieur, vous avez besoin d'ennemis pour exister ? Vous avez besoin de me persécuter pour vous sentir vivant. Vous avez besoin de pendre Dominique de Villepin à des crocs de boucher. Sinon, j’ai adoré votre maxime Monsieur Sarkozy : « Il n’y a pas de destin sans haine. » Moi aussi, je sais faire des maximes : « Il n’y a pas d’avenir pour un vengeur. » Est-ce vrai Monsieur, que Marie N'Diaye trouve votre France monstrueuse ? Peut-être parce que la douce est devenue le champ des règlements de compte entre les étrangers et le Français. Nous exigeons du Français autant qu’il exige de nous. Il veut être le meilleur, alors qu’il est souvent détrôné par l’Allemand, l’Américain et Ben Southall. Le plus monstrueux est la fuite annuelle des Africains vers l’Europe. Qu’il soit Arabe ou Africain, il n’hésitent plus à vivre et à travailler dans des conditions inhumaines. Aujourd’hui, ils acceptent tout, l’humiliation et le silence y compris. Ils viennent et prétendent qu’ils n’ont pas le choix. J’étais surpris de voir chaque fois un étranger accroché au col d’un Parisien. L’Arabe et l’Africain accusent à tour de rôle le Français de les avoir pillés. Pourquoi est-il facile d’accuser le Français ? Parce que nous comprenons sa langue. Nous pouvons facilement faire un procès à un Français, l’attaquer et le traiter de raciste. Mais le Français ne comprend ce que nous pensons de lui. Ils nous n’aiment pas ! Répètent si souvent les étrangers à propos des Français. Pourtant, nous aussi nous ne les aimons pas. Que pense l’Africain de moi et que pense l’arabe de l’Africain. Hélas, le racisme existe partout. L’Islam est-il une menace pour l’Occident ? Mes aînés me disaient aussi que le Français était une menace pour moi. Ils me parlaient des Français racistes et ceux qui se trouvent en haut des listes. Mais personnellement, je veux parler des Français pacifistes. Des Français inoffensifs et vulnérables face à la crise et à la colère des étrangers. Vous n’ignorez pas Monsieur Sarkozy ce que subi le Français simple à cause de vos discours contre ceux qui viennent. Vous êtes mieux protéger ! Alors, qu’il doit faire face à la colère des autres. Comme je dois répondre des actes de mes aînés face à la colère des Kabyles, des pieds-noirs et des juifs. Je ne sais quel Français chuchote à l’oreille des Kabyles de France ? Il leur dit du mal de moi.

Monsieur Sarkozy, je ne comprends plus votre goût pour les morts. Vous prenez un plaisir fou à ressusciter les morts. Hier c’était Môquet et aujourd’hui, c’est Camus. Mais Monsieur, ce sont des Français vivants qui vous ont élu. Alors, pensez à eux avant qu’ils se suicident tous. Oubliez tous les symboles de la République. La vie d’un homme est plus importante qu’un drapeau et que la Marseillaise. Je ne vous demande pas ce que vous réserve l’avenir ? Je vous demande ce que vous réservez, vous, à l’avenir ? Le projet Grand Paris ! Il est où ? À part quelques bricolages à gauche et à droite, je ne vois rien. Vous discutez toujours avec vos opposants ? Vous êtes au courant Monsieur Sarkozy que Les Égyptiens réclament aux Anglais la restitution de la Pierre de Rosette. Sincèrement, je ne comprendrai jamais les Arabes. Ils me demandent d’agir contrairement aux habitudes des Occidentaux et je les vois se comporter comme vous. Les Arabes vous imitent. Que vont-ils faire avec cette pierre ? L’exposer aux touristes étrangers, sans doute. La Pierre de Rosette leur servira à quoi ? À déchiffrer le passé au lieu de décrypter l’avenir. Parfois, je ne distingue plus l’homme oriental de l’homme occidental. À part que le Parisien est tout à fait différend de l’Égyptien. Et pourtant, tous les deux possèdent un héritage historique très riche. L’un a évolué alors que l’autre traîne toujours. J’en déduis que le cinéma n’est pas tout a fait représentatif d’un peuple. Le Français au cinéma est tout à fait différent de celui de la réalité. Le Français réel est plus civilisé et conscient de sa notoriété à travers le monde. Le cinéma égyptien, malgré sa créativité et sa longévité, n’a pas aidé à l’évolution de l’homme égyptien. Je ne m’acharne pas contre les Égyptiens inutilement. Comment acceptent-ils de vivre de six à sept individus dans un petit studio parisien ? Pourquoi les Arabes acceptent-ils aujourd’hui de vivre dans la misère, alors que les Occidentaux se battent pour faire-valoir leurs droits ? Avons-nous régressé par rapport aux Français ? Où tout simplement, les Arabes sont des catégories d’hommes. Il y a ceux qui cèdent et ceux qui se battent.

Vous répondiez à une question posée durant votre entretien avec le journaliste Denis Olivennes «Sarkozy face à l'Obs» par : «Il faut un temps pour entrer dans une fonction comme celle que j'occupe, pour comprendre comment cela marche, pour se hisser à la hauteur d'une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine.» Comment qualifieriez-vous ma situation Monsieur Sarkozy ? Moi qui me suis glissé dans la peau d'un paria. Je vis une situation irréelle et pourtant, je suis réel. J'existe et je subis la loi de mes bourreaux.

 

Ecrit en 2009

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