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Paris, de moi à toi
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12 septembre 2013

Les hommes esclaves de Paris

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Magdala a 11 ans, mais elle n'a jamais touché un cartable ni un cahier d'écolière. Elle est une enfant esclave. En Haïti, on les appelle les Restaveks, ces enfants envoyés en ville par leurs parents dans des familles de la classe moyenne à la recherche d'un domestique. Une pratique ancienne, théoriquement illégale, mais tolérée par les autorités

                                                                                                                                                                     Enfants esclaves de Haïti, de l’émission 7 à 8

 

 

 

Pouvons-nous reprocher un homme de bien exercer son métier ? Non ! Donc monsieur Harry Roselmack mérite le trophée du meilleur journaliste français. Un homme de couleur qui parle comme un occidental de la misère des siens. Monsieur est-il devenu amnésique? Et comment fait-il pour ne pas voir les nouvelles revues de presse consacrées au drame humain qui envahissent chaque début de semaine les kiosques parisiens. En France, les mauvaises nouvelles circulent très vite grâce aux journalistes qui content sans compter le nombre des articles consacrés aux sujets habituels.

Le ton a été déjà donné. Les grands titres des évènements nationaux et internationaux tournent autour de la révolution française et la guerre mondiale. Chaque journaliste ambitieux sait que son succès dépend plus de son dévouement au service du pouvoir économique et politique que de ses talents. L’exemple des journalistes exclus du monde de la presse est le meilleur moyen de dissuader les plus téméraires d’éviter de changer la trajectoire de leurs idées. Penser différemment en France a toujours un air de provocation.

L’esclavage est pratiqué aujourd’hui partout dans le monde et l’exploitation des petites filles domestiques ne se limite pas au Maroc et à Doubaï. La situation des enfants esclaves en Haïti est liée à des raisons socioculturelles plus qu’une mauvaise gestion économique de l’Etat.

Magdala est tout juste une petite fille illettrée et incompréhensiblement, je me retrouve dans la même situation qu’elle. Je suis aussi un esclave à la merci de mon patron et la mauvaise langue de mes collègues. Comment un homme instruit peut-il se retrouver en bas de l’échelle sociale française ? La question ne se pose pas pour des raisons multiples et incompréhensibles. Je suis aujourd’hui la cible des mauvaises langues alors que j’étais habitué aux beaux compliments des professeurs. Sans-papiers, je suis aisément dépassé par les tricheurs en situation régulière qui savent comment narguer les lois. Les papiers en France offrent de grandes possibilités de s’enrichir très rapidement.

Je travaille aujourd’hui à proximité de Paris. Mon nouveau travail me permet depuis deux ans d’entrer en contacte avec des immigrés de toutes les classes sociales. Chaque jour, je sers à des clients de différentes origines et leur consommation vorace prouve que la crise n’existe pas. La crise en France menace plus les retraités qui s’exilent au Maroc que les marocains qui vivent comme des sultans en Ile-de-France. L’Eden des familles nombreuses existe et l’étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) publiée le 28 mars 2013 le confirme. La fécondité en France reste stable spécialement grâce à la générosité de l’Etat français. Cette année trois de mes collègues ont eu chacun un nouvel enfant. La France est devenue la terre promise d’Eve et d’Adam. Consciente de ses droits, la femme actuelle jouit d’un pouvoir imminent. Elle fait peur aux hommes et n’hésite pas à les provoquer publiquement. Elle belle la liberté.

Hier les fermen militaient contre l'avortement, Frigide Barjot se révoltait contre le mariage gay et Pierre Bergé était placé sous protection policière. Et aujourd’hui, je lutte tout seul. Solitaire, je dois défendre mon indéfendable cause de sans-papiers en France.

Le temps passe très vite et ma souffrance traine. Je subis des reproches et des critiques de tous les côtés. Je ne suis pas un héros aux yeux de mon petit frère et mon neveu me considère comme un paria. Au bled, mes sœurs subissent les effets néfastes de mon exile. Mes collègues d’ici, les travailleurs illettrés me traitent de clandestin et m’appellent « l’instruit ». Ils se moquent jalousement de l’homme civilisé que l’école a fait de moi. Déjà petit, les professeurs m’inciter à me mesurer aux élèves surdoués de ma classe. Face aux génies, je trouvais un plaisir fou à défier leur intelligence. Sans aucune prétention, j’ai réussi la plupart de mes épreuves à l’école et à l’université.

Mes études avaient pour obligation de me préparer au monde de demain et mes diplômes m’assuraient un bon avenir. Au lieu de devenir un élément essentiel de la société, je me rends compte de l’échec professionnel vingt ans après.    

L’école algérienne qui m’enseignait le respecter des règles ne m’a rien appris de la vraie vie. Et je l’accuse ! Je l’accuse de contribuer au retardement de la régularisation de ma situation de sans-papiers. Les règles à l’intérieur de l’école ne s’appliquent pas à l’extérieur de ses murs. Très souvent se sont les tricheurs et les cupides qui mènent la belle vie. A Paris, je me contente de regarder les opportunistes profiter pleinement du luxe parisien.

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